D'abord, la musique de Wagner qui va baigner tout le film. Kirsten Dunst en gros plan. Et une série d'images sublimes, qui implante vite une ambiance glauque, angoissante. Tout y est dit (même si on ne le sait pas encore). Jusque la collision entre la Terre et Melancholia, planète bleue cachée derrière le soleil et dont l'approche sera un des objets (secondaires) du film.
Puis, changement de scènes. Kirsten Dunst interprête une jeune femme (Justine) qui se marie. Un mariage somptueux, une carrière enviable... mais une femme triste, maladive, dépressive. Qui s'isole régulièrement. Qui fond en larmes. Qui ruine littéralement la soirée de son propre mariage, au point que l'organisateur ne veut même plus la voir, et que son mari jette l'éponge.
Autre changement. Le récit se focalise sur Claire, soeur de Justine, son exact opposé (l'une est blonde, un peu rondouillette et solitaire; l'autre est brune, maigre, énergique, mère de famille, etc.). Elle va accueillir sa soeur alors que la planète Melancholia (dont on n'avait pas parlé lors du mariage) effectue son approche.
Le film est très loin des oeuvres apocalyptiques hollywoodiennes. Très lent, d'une extraordinaire beauté plastique (certains plans sont directement inspirés d'oeuvre picturales), il insiste sur les différents personnages, surtout les femmes (tous les personnages masculins du film s'enfuient, parfois par le suicide, ce qui est une forme de lâcheté ; seules les femmes sont fortes et courageuses). Claire, qui va s'accrocher jusqu'au bout aux rassurantes théories scientifiques avant de laisser aller son désespoir. Justine (la prophétesse ?), torturée, qui va enfin trouver l'apaisement face à la catastrophe.
Les personnages sont sublimes, émouvants, humains. Le casting est d'ailleurs irréprochable : outre Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg, il faut signaler John Hurt, Charlotte Rampling, Stellan Skarsgard et un surprenant Kiefer Sutherland (un de ses meilleurs rôles à mon goût).
Un film qui nous hante longtemps. Nous pose des questions. Nous dérange, malgré son rythme lent et son absence de scènes choc.
SanFelice
9
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le 3 mars 2012

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SanFelice

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