Médecin de campagne par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 14 Février 2024

Je vais vous emmener dans un petit village du Vexin où certains personnages accomplissent un véritable sacerdoce, être "médecin de campagne". Comme dans beaucoup de cantons de province la pénurie de docteurs se fait cruellement sentir. S'ils étaient deux à officier dans ce territoire, maintenant un seul subsiste pour voler au secours des patients, Jean-Pierre Werner aimé de tous et connu pour son dévouement à tous moments. Les jours de repos n'existent pas, sa devise pourrait être: "soulager ses concitoyens avant tout".

A ce rythme infernal arrive ce qui devait malheureusement arriver, Jean-Pierre tombe gravement malade. Cette fois c'est lui le patient à l'hôpital, les radios ne sont pas bonnes et là le spécialiste lui demande carrément d'arrêter ses fonctions. Le docteur Nathalie Delezia toute récemment sortie de ses études de médecine est chargée de venir l'assister voir le remplacer.

Par cotre le docteur Wermer est difficilement remplaçable. Les patients qui n'ont connu que lui se montrent méfiants. Dans ce petit village la confiance se mérite et c'est une rude épreuve pour la toute jeune Nathalie.

.

"Les cimetières sont remplis de gens indispensables" et notre médecin qui se dévoue sans compter, absorbé par le tourbillon de son travail, ne se voit pas remettre à plus tard un rendez-vous ou une visite par tous les temps, de jour comme de nuit. Il est le "sauveur" de la population du canton, celui qui a la science infuse pour accompagner et apporter le "remède miracle" aux jeunes comme au moins jeunes. Jean-Pierre est prisonnier par sa tâche salvatrice, il le sait et il en abuse peut-être bien au-delà de sa propre santé.

C'est ainsi que pour le décharger de cette emprise Nathalie débarque. Pour lui il s'agit-là d'une débutante et lorsque l'on sort des bancs de l'école de médecine on est loin d'avoir la technicité et le contact facile avec une clientèle très fidèle. Le début de cette collaboration ne va pas être facile et "l'ancien" dédaigne "la débutante". Et puis une toute jeune fille qui débarque sans être présentée pour vous apporter des soins n'inspire pas confiance. Les gens n'aiment pas forcément le changement surtout niveau médecine. Mais le médecin doit admettre que la science a évolué, l'apprentissage aussi et il faut en convenir, Nathalie s'y connaît au moins autant que lui dans ses diagnostiques et les remèdes à apporter.

Là, Jean-Pierre de plus en plus fatigué finit tout de même par laisser sa collègue prendre les initiatives et finira par constater que les contacts avec les patients, petit à petit, s'améliorent. Il ne reste plus qu'à ce couple de médecins à trouver une coordination parfaite et la complicité pour le bien des habitants du canton.

Voici un film qui aborde un sujet connu mais tellement important à notre époque. Une piqûre de rappel ne fait jamais de mal. Comme beaucoup d'œuvres abordant des sujet sociaux ici sur le manque de médecins en France qui est tellement criant que nous nous sentons vraiment concernés. De ce côté le réalisateur Thomas Lilti lui qui réalise des films abordant la cause médicale n'a aucun mal à traiter son propos. Néanmoins il n'y a plus vraiment de monde à convaincre, l'on ne peut qu'être en accord avec le sujet.

En sortant de la valeur "documentaire" du métier de médecin de campagne, je pense que les moments les plus originaux sont relatifs à l'arrivée d'une jeune fille docteur appelée à faire au moins aussi bien que le titulaire du cabinet médical. Et à ce propos Thomas Lilti maîtrise fort bien ce premier contact, un peu rugueux du côté de Jean-Pierre qui semble blessé par cette apparition soudaine à laquelle il va devoir se soumettre à confier sa clientèle. La réaction de cette patientèle vis à vis de Nathalie est bien analysée également car nous sommes dans un village où les gens vivent un peu en autarcie et de ce fait n'aiment pas trop voir leur vie chamboulée. Le docteur est d'une importance vitale. Il est donc ici normal qu'une certaine angoisse se forme.

C'est donc une bonne copie que nous offre le réalisateur qui a su s'entourer de François Cluzet, Jean-Pierre Werner et de Marianne Denicourt, Nathalie Delezia, qui forment un couple improbable de médecins pleins de différences très crédibles et d'humanité dans un contexte difficile et isolé.

Je vous conseille donc ce film qui n'est certes pas le chef-d'œuvre du siècle mais qui se laisse voir et qui ne manque pas d'intérêt. Il soulève le mal récuren, de leur répartition sur notre territoire et fait découvrir également certains rapports générationnels dans ce métier.

.

Box-office France: 1.511.258 entrées.

Ma note: 7/10

Créée

le 31 janv. 2024

Modifiée

le 13 févr. 2024

Critique lue 40 fois

19 j'aime

7 commentaires

Critique lue 40 fois

19
7

D'autres avis sur Médecin de campagne

Médecin de campagne
BrunePlatine
7

Les médecins sensibles

A ceux qui font tellement plus que soigner. Ceux qui, non contents d'être des esprits brillants, des intelligences vives qui comprennent la grande machinerie du corps humain, savent que c'est avant...

le 5 août 2016

23 j'aime

10

Médecin de campagne
Grard-Rocher
9

Critique de Médecin de campagne par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Critique éditée le 14 Février 2024Je vais vous emmener dans un petit village du Vexin où certains personnages accomplissent un véritable sacerdoce, être "médecin de campagne". Comme dans beaucoup de...

19 j'aime

7

Médecin de campagne
Haydan
3

Les aventures de Superdocteur et la diabolisation de l'hôpital

Médecin de campagne ou la stigmatisation française. Cela aurait pu être également le titre de ma critique. Travaillant dans le milieu médical et ayant eu l'occasion d'exercer dans le milieu...

le 28 mars 2016

13 j'aime

3

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47