Bim, après l'Indien du Placard, on regarde ça, ce qui nous donne coup sur coup, deux films adapté d'un roman édité chez l'École des Loisirs avec pour protagoniste un jeune garçon. Sauf qu'ici le roman date de 1963 et qu'il fait 19 pages. Du coup, comme c'était inadaptable, ils ont décidés de faire quelque chose de totalement différent...
... tellement différent que l'auteur de réalisateur de l'assez déjanté Dans la Peau de John Malkovitch ne se cache pas de faire quelque chose avec de bien plus psychologique et offre une patte indé dès ses premières minutes de réalisations : couleurs ternes, plans en caméra à la main, angle de vue très intimiste avec de la musique folk/indé en fond. Ça hurle "film indé" dans toutes ses fibres, y compris lorsque Max rencontre les "Maximonstres."
Au final, ceux-ci apparaissent aussi comme désenchantés : on a gardé leur aspect "ugly-cute" de personnages avec une grosse tête et ils restent tous de grand enfants... ce que le film aborde de façon sérieuse : ils n'arrivent pas à s'organiser, ils s'engueulent puis se rabibochent sans arrêts, ils piquent des colères, ils sont jaloux pour des trucs complètement abscons, et font des batailles de terre. A cela s'ajoute la logique des monstres qui est plus ou moins étrange pour le spectateur (le fait de taper sur des arbres, de s'envoyer valdinguer les uns et les autres) et le fait que les personnages soient tous une projection des aspects de la personnalité de l'enfant.
Là encore, difficile pour moi de ne pas faire le parallèle avec le film que j'avais vu la veille avec une nouvelle fois la réapparition de la thématique sur la responsabilité. Max va apprendre petit à petit que son mensonge le rend responsable de cette troupe de gros gamins pelucheux et que ceux-ci attendaient à ce qu'il agisse comme un adulte. Mais au fond, on a un peu l'impression de voir des maniaco-dépressifs : j'avais cet ami, Hervé, qui pouvait être hyper chaleureux et drôle mais aussi partir en colère très vite (souvent pour un malentendu qu'il avait ruminé dans sa tête) et Carol me l'a rappelé.
Bon, par contre désolé pour Hal Scardino, mais Max Record est incroyable et joue très très bien. Le reste du casting est très bon, mais un peu comme pour l'Ile au chiens (autre film vu récemment) j'étais super étonné de voir des noms d'acteur hyper célèbre dans certaines rôle même complètement secondaires. (Purée, c'est James Gandolfini qui fait la voix de Carol, j'en reviens pas.)
Après, on est à nouveau sur une prouesse technique : les monstres sont super réussi et il y a un côté visuellement bizarre à tout ça qui fait qu'on est toujours sur une tangente entre le bizarre et le réel. Les monstres sont un mélange d'acteurs en costumes, d'animatroniques et d'image de synthèse, mais le rendu au final est assez bluffant pour qu'on sache jamais où se trouve la limite. C'est rendu d'autant plus obscur par la caméra à la main, ce qui fait qui renforce l'impression. Marrant de voir que la Jim Henson compagnie est derrière tout ça (c'est pas comme si j'avais vu un film de Frank Oz la veille...)
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? :
Bah non. Le problème, c'est qu'ils risquent de grave s'ennuyer. Et de ne rien comprendre au film voire d'avoir peur des monstres.
Parce que Max et les Maximonstres n'est pas un film pour enfant, mais plus un film sur l'enfance (de l'aveux même de Spike Jonze) : sur la façon dont les enfants doivent se gérer, sur la façon dont un monde imaginaire est finalement pas aussi plaisant qu'on le souhaite. Le rajout d'un certains côté mélancolique et cet espèce de désenchantement volontaire fait que je m'y suis pas senti tout à fait bien. Même les blagues sont trop bizarres pour être droles (le fait que Carol explique à Max qu'il possède tout... sauf un cailloux ou un bâton en particulier.)
Et le monde des monstres... ne fait pas rêver. Alors ils sont un peu rigolo au début, surtout lorsqu'ils dorment en boule les uns sur les autres (ce qui sera redit plus tard "on devait tous dormir en boule") mais leur univers est juste fait de cabane dans les bois, de batailles de terre et même le "méga giga fort" qui est impressionnant visuellement... bah, ça donne pas vraiment envie d'y habiter. Mais après tout le titre original est "où se trouve les choses sauvages" et c'est vrai que la vie sauvage ressemble à ça.
Bref, vous l'aurez compris, je suis vraiment partagé, car j'ai pas passé un mauvais moment devant le film... mais j'en suis ressorti vaguement un peu triste (le visage de Carol à la fin du mal m'a déchiré) et je ne sais pas si je dois le conseiller. En tout cas, pas à des enfants.
Possibilité de remake/suite : Whaaa, non. Je suis pas super sûr d'avoir envie que Spike Jonze refasse un autre film pour enfant.
Le détail qui me titille : Ben et Terry, deux chouettes que K.W. porte sous ses bras et dont j'ai jamais sû s'il s'agissait vraiment de ses amies ou si tout le monde faisait comme tel.
Suis-je le seul ? A avoir TROP de peine pour le monstre qui perd son bras à la fin du film. Le film joue sur cette dissonance où il te dit sans arrêt "mais si c'est drôle" (le "c'était mon bras préféré" ou le fait qu'ils le remplacent par un bâton) alors qu'il a l'air trop penaud.