Un anime centré sur James Vega, personnage unanimement reconnu comme l'un des plus fadasses de la saga Mass Effect (même s'il faut quand même souligner la qualité du doublage de Freddie Prinze Jr, qui sans égaler les meilleurs exemples de la saga que sont Seth Green, Ali Hillis ou Martin Sheen), le pari relevait de la gageure. Si l'on se fonde uniquement sur la première impression, ce Paragon Lost sent bon le produit dérivé opportuniste qu'on s'empressera de vite effacer de notre mémoire tel le premier Star Wars Holiday Special venu.

Mass Effect Paragon Lost est moche. Le character design est très hésitant (bordel, ces Krogans qui changent huit fois d'apparence, toutes plus hideuses les unes que les autres), l'animation est correcte sans plus, les textures sont basiques et on a du mal à reconnaître les rares personnages connus que l'on peut croiser dans la trilogie vidéoludique de Bioware (il a fallu entendre le fameux "Hackett, terminé" pour reconnaître ce vieux loup de mer). L'alliance de la 2D et de la 3D est hésitante, particulièrement au niveau de cette dernière. Autant ça passe de temps en temps, notamment sur les bâtiments, mais alors la navette de l'Alliance, on la croirait modélisée sous Windows 2000.

Le scénario de ce film se déroule avant puis en parallèle des aventures de Mass Effect 2. Après une première séquence (qui n'a qu'une importance toute relative pour la suite des événements) qui nous plonge au coeur de la défense d'une colonie humaine sur Fehl Prime attaquée par une garnison krogan. Assez accessoire, la bataille est quand même plutôt bien mise en scène (et puis y a des Vortchas, quoi!) et exploite assez bien l'esprit des combats de la saga, avec moultes références aux pouvoirs biotiques et OmniTech qu'on aime tous. Le commando a une vrai cohérence, et même si on a un peu de mal à différencier les soldats entre eux au début, on accroche. Et on se rend compte qu'on commence à plonger dans un produit de bien meilleure facture que ce que l'on redoutait.

Puis vient la vraie storyline de Paragon Lost, qui trouve écho dans les (rares) confessions de James auprès de Shepard dans Mass Effect 3. Le gros problème de James, c'est qu'il est à l'image du final de Mass Effect : intriguant mais profondément frustrant. On sent que le perso a du potentiel et peut être plus qu'un Kaidan bis, mais le jeu se borne à en faire le kéké à crête dont les interactions se limitent à "Hé, loco!". On savait de ME3 que James avait vécu une expérience traumatisante sur Fehl Prime mais on en avait appris pas plus. Paragon Lost apporte les réponses à ces questions, et de manière assez convaincante, suffisamment pour regretter qu'on n'en ait pas eu plus d'écho au moment de jouer au troisième épisode. Car après visionnage de ce film, le personnage de James gagne pas mal en épaisseur et en sympathie. Pas suffisamment pour s'élever au niveau des meilleurs sidekicks du jeu, mais assez pour comprendre enfin le côté volontairement distant du bonhomme.

Deux ans après l'attaque des Krogans, Fehl Prime est envahie par une mystérieuse civilisation qui enlève les colons en les paralysant avant de les embarquer dans leur vaisseau dans des caissons de stase. Trêve de suspens : vous aurez reconnu les Récolteurs. Sans compter une autre menace très connue des joueurs de la saga qui viendra aussi amener son grain de sel. La représentation des Récolteurs est d'ailleurs extrêmement réussie, de leur vaisseau fidèle en tous points à l'original ou à la modélisation des créatures et de leur matériel. Sur ce point, aucun reproche à faire. De ce fait l'histoire n'est guère original si on connait un tant soit peu les Récolteurs, mais elle a le mérite de ne faire aucun contresens.

Comme à chaque fois dans Mass Effect, le scénario est avant tout prétexte au développement psychologique et relationnel des personnages. Et encore une fois, comme un gros fanboy, je suis tombé dedans. Alors oui c'est cliché, le coup de la gamine tire-larmes c'est du "Atelier de Scénario 101" mais il y a quelque chose d'assez poignant dans cette fin que je ne dévoilerais pas (même si en y réfléchissant deux secondes, le titre spoile un peu). Et puis elles ont beau être un peu naïves (niaises diront les mauvaises langues), je reste fasciné par les Asari, ce peuple épris de culture, un peu revêche mais finalement en constante fascination face à ce qui leur est extérieur. Et tout comme j'ai passé fébrilement trois épisodes et plus d'une centaine d'heures de jeu à guetter la moindre petit dialogue complice avec Liara, il y a quelque chose dans le dévoilement progressif du caractère de Treeya qui capte parfaitement la nature des Asari et conforte mon opinion sur ce peuple que je trouve le plus finement écrit de tous ceux de la galaxie Mass Effect. Les autres personnages humains sont pour la plupart juste esquissés et pas assez fouillés pour qu'on s'attache réellement à eux (difficile en seulement une heure trente), mais ils font de bons sidekicks, la plupart avec une vraie place dans le récit. C'est rarement révolutionnaire, mais quand on est fan de la saga, c'est franchement efficace.

Qu'on se le dise bien : si vous n'êtes pas fan de l'univers de Mass Effect, passez votre chemin (de toute manière, vous n'aurez certainement jamais l'occasion que vos routes se croisent) devant ce film d'animation manquant certainement un peu d'originalité mais surtout extrêmement perfectible techniquement. En revanche, en terme de fan service et de travail sur la mythologie de Mass Effect, Paragon Lost s'avère très appliqué et ne mérite pas qu'on le relègue dans l'oubli. Perfectible, mineur, il n'en demeure pas moins une variation originale et qu'on sent très sincère dans sa démarche de proposer un regard sur extérieur à Shepard sur ce qui est probablement l'un des tout meilleurs univers de SF jamais créés. Ce sont des oeuvres comme celles-ci qui forment peu à peu les meilleurs univers étendus.
Sharpshooter
6
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le 28 mai 2013

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4 j'aime

Julien Lada

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4

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