Le masque et le déplumé

Le masque, soit, mais où est donc passée la plume de Chabrol ? Massacré par Odile, la coscénariste? Audiard, au-secours !
Ce film ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, et je me méfie toujours un peu quand c'est reprogrammé par Arte un après-midi : bouche-trou ? Mon appréhension était pas infondée ! Grosse déception !
Déjà j'ai une sainte horreur des films tournés à huis-clos comme s'il s'agissait d'une pièce de théâtre, un peu à la sauce tata Christie, et sans ambition... Molle, nulle, lente. Le cinéma a besoin d'espaces, nous aussi ! Et ça sent bien souvent la production radin ! Dans ce sous-produit, pendant un peu plus d'une heure donc, il ne se passe rien sinon que des gens sont réunis dans la propriété fantomatique d'un animateur de télévision, et bougent très peu. Ledit animateur présente une émission de télévision genre école des fans du défunt Jacques Martin, mais avec des zenfants genre clients seniors de Pascal Sevran et de ses chansons françaises ! S'essayant (entre autres supplices) aux "Roses blanches" de Berthe Sylva que toute le monde (ou presque) a oublié...
Roger Dumas et Bernadette Laffont font tapisserie pendant que Renucci conte fleurette à une Anne Brochet bien peu inspirée et qui allume le romancier venu écrire la biographie du présentateur sus-dit ! Vous suivez ? Elle est aussi la filleule du propriétaire des lieux, qui veille sur elle (et son fric) et il y tient comme à la prunelle de ses yeux. La belle joue faux comme ce n'est pas permis ! Stéphane Audran, Marie-France Pisier, ou encore Isabelle Huppert eussent été bien meilleures ! Tous ces personnages déambulent un peu comme des pièces sur le jeu d'échiquier. Où vont-ils, que font-ils ? Comme ces pions du même jeu qui opposent les deux hommes sur un damier. Passionnant comme les amours d'une mante religieuse...
Bref, on s'ennuie ferme jusqu'au moment bien tardif où on nous met dans la confidence pour nous révéler le thriller qui se trame à notre insu, et de celui des impétrants innocents !
Maître Chabrol va frapper et nous surprendre ? Pas du tout et ce cirque est truffé d'invraisemblances et de non sens !
La fin est aussi délirante que le reste et donne prétexte à un long "one-man-show" du lillois Philippe Noiret, dans le genre duquel il excelle ! Le seul bon moment du film ! Et quelle voix à nulle autre pareille qui faisait les délices des imitateurs ! La même voix encore qui énonçait la première histoire sur les chouans aux tous débuts de la ciné-scénie du "Puy du Fou"...
Noiret a évité le naufrage promis de cette lamentable aventure en portant seul ce piètre film policier sur des épaules qu'il a larges.
Pour ne rien nous épargner, Chabrol nous impose son fils à papa de Matthieu pour nous abrutir d'un tintamarre dit musical couinant. Insupportable ! On est à des années lumière d'un Mozart et on cherche des boules Quiès !
Tombons le masque : cette histoire de carnaval m'a consterné !
Arte le 18.10.2018