Mascarades par Madie Murakawa

"Mascarades" fait partie de ces films produits par la "nouvelle" génération de cinéastes algériens (ayant tous en moyenne la trentaine) qui commencent à se poser les bonnes questions : Quel avenir souhaité pour le pays ? Comment trouver le bon équilibre entre tradition (morale) et modernité ? Etc. Et ce sont ces questions qu'aborderont le film, dressant une critique du pays, notamment des clichés le concernant à l'étranger, et des défaults humains en général (le désir de virilité, l'avarice ainsi que les traditionnels commérages de villages, aussi bien du point des hommes que des femmes) avec énormément d'humour et de sincérité.

Si le réalisateur nous offre des personnages souvent clichés, au bord du ridicule, c'est pour mieux nous montrer les mutliples visages de l'Algérie : des femmes qui ne sont pas aussi soumises qu'on ne le croit (par le schéma familial et/ou religieux), via les personnages de Rym (la jeune soeur de Mounir qui veut choisir l'homme avec qui elle partagera sa vie) ou encore la femme et la mère de Mounir. Et qui finalement comblent le manque de lucidité des hommes, qui s'acharnent à vouloir perpétuer des modèles achaiques au nom de la "tradition" (comme c'est le cas de Mounir, joué par Lyes Salem lui même, qui veille sur l'honneur de sa famille, jusqu'à contredire ses propres convictions parfois, attaché au schéma homme au travail / femme à la maison).

Bref un film qui a l'audace de vouloir briser les apparences, des 2 côtés de la Méditerranée, à une période où le retour en arrière (avec ses aspects les plus négatifs) est de rigueur, et qui permet de garder le peu de foi qui nous reste en l'être humain. De jolis portraits d'humanités qui dépassent l'éternel clivage des générations.