La fin m'a laissé dubitatif, car elle ne résout ni n'explique rien. Ainsi, le mystère persiste, allant jusqu'à une interrogation métaphysique : qui a crée ces fleurs ? Quel est leur but ? Les deux sorciers fous auraient très bien pu se borner à les cultiver, vu qu'elles transforment n'importe qui en un sorcier avec d'immenses pouvoirs, exactement ce qu'ils recherchaient en sacrifiant un enfant dans leurs expériences de Frankenstein. Même si rien ne dit que la culture d'une telle fleur soit réalisable...
La magie dans ce film fait figure de quête de pouvoir, que dédaigne Mary à la toute fin, pour vivre une vie normale et simple, avec sa famille et ses amis. Bien sûr, tout se passe dans un monde merveilleux où la mort et la maladie ne sont pas évoquées, ainsi pourquoi la magie, pourquoi le pouvoir ? Si tout est bien dans le meilleur des mondes, à quoi bon la Science, à quoi bon les croyances en Dieux éternels qui instaureront le Paradis sur Terre ?
Ainsi, cette oeuvre est victime de son propre univers, naïf et enfantin, qui dessert son propos de renoncement. Car sur la vraie Terre, c'est une toute autre histoire... le pouvoir de l'Homme sur la Nature est indispensable, selon la Bible, à l'avènement du Paradis sur Terre, qui se fera certes de manière biscornue. Et ce pouvoir a toujours été perçu comme un travail de longue haleine afin d'atteindre le bonheur universel, un jour. (si c'est seulement possible)
Et c'est bien là que le propos du film fait mouche : la quête des deux sorciers accouche par deux fois d'une catastrophe : le "bonheur ultime" semble irréalisable, malgré toute la science et la magie. Cela voudrait-il dire que le bonheur humain universel, est physiquement impossible ? C'est un peu le "cultiver son jardin" de Voltaire. Profiter de chaque instant, tant que l'on peut. Et si on a pas de chance, si on a pas de chance, eh bien tant pis. Peut-être cela sera pour une autre vie. (car les dangers prédateurs de l'innocence sont nombreux et terribles en vérité)
Cela peut paraître cruel et égoïste. Mais a-t-on véritablement le choix ? Pas tant que les prédateurs seront parmi nous. Car il faudrait accorder les violons de milliards de personnes, non seulement en masse, mais aussi individuellement. (pour tous les petits malins profiteurs) Autrement dit, renoncer au libre arbitre. Par quel tour de passe-passe Dieu est-il censé réaliser l'avènement du Paradis terrestre sans dénaturer l'Homme ? Les voies du Seigneur sont impénétrables, mais il faudra assurément plus d'un miracle pour ce faire.
A part cette petite réflexion de comptoir, le film est agréable à regarder, l'animation très passable et les influences comme Akira légèrement trop visibles.