J'adore Matthew Broderick. Il a joué dans beaucoup de mauvais films, mais il reste pour moi un des meilleurs acteurs de sa génération, et je trouve dommage qu'il n'ait pas plus de bons rôles. Mari and Bruce, au vu de la note IMDb, ne partait pas gagnant. Mais comme j'ai juré de voir tous ses films, je m'y colle. Et il s'avère que le film est une plutôt bonne surprise.
Sur un ton expérimental, l'auteur propose de dépeindre la vie d'un couple qui ne fonctionne plus. Au point d'exagérer certains aspects tel que le mépris de Marie envers Bruce, ou le déni de Bruce envers Marie. C'est bizarre, mais ça marche. L'auteur va jusqu'au bout de ses idées. Il y a des passages plus oniriques qui me laissent un peu mitigés, n'étant pas bien sûr de la significations de certaines symboliques employées. Mais gross modo, le message est assez clair : les actes prennent plus de courage que les mots, et très vite on peut se retrouver assis à regarder la vie nous filer d'entre les mains. Les personnages sont tous vides, creux, remplis de punchline qu'ils répètent sans y associer une quelconque substance. La vie est devenue un fantôme d'elle-même. Du moins, dans ce film. Un peu comme si les personnages avaient pris vie sur la grande toile avant que l'auteur n'ait pu leur insuffler un sens.
Visuellement, ça marche aussi, sauf toujours ces moments oniriques. les effets spéciaux cheap ajoutent quelque chose, c'est sûr, par moment, ça ne fonctionne tout simplement pas. Je pense à cette scène dans les bois. Par contre la scène de la grand mère rétrécie fonctione. On sent aussi que le réalisateur manque encore d'expérience ; certaines scènes peinent à imposer leur rythme surréaliste. On sent que la volonté est de faire quelquechose d'hypnotique, mais on n'y est pas vraiment. Les acteurs, enfin, sont bons. Matthew joue parfaitement l'empoté qui ne sait pas trop ce qu'il fait là. Julianne Moore est impressionnante lorsqu'elle fait la méchante.
Bref, un film qui fonctionne assez étrangement, malgré quelques maladresses probablement dues à l'inexpérience du réalisateur. Ca reste globalement efficace et en plus y a quelques petits rôles/cameos sympathiques (Kenneth Lonergan non crédité mais bien présent, Bob Balaban avec une super moumoute, et Griffin Dunne bien rare à l'écran depuis After Hours).
