Voilà bien un pitch surprenant, celui d'une riche excentrique qui chante à faire pleuvoir la mousson et qui va tenter de se produire à l'opéra.


Je n'ai pas vu le film avec Meryl Streep sur Florence Foster Jenkins sorti l'année suivante après Marguerite, je ne pourrais pas comparer les deux. Cela étant, le film de Xavier Giannoli n'est pas si évident à aborder que cela finalement. Surtout grâce à Netflix qui le classe comme comédie alors que le film se rapproche bien plus d'un drame teinté d'humour ou plutôt de cynisme. Marguerite avant d'être drôle nous parle surtout du destin tragique d'une femme qui est malheureuse et seule, sa passion c'est la musique bien qu'elle n'ait pas le talent approprié. Marguerite Dumont chante faux, si bien que l'on pourrait se méprendre entre son chant et celui de son paon.


La solitude est à mes yeux ce qui caractérise le mieux le film, sur scène bien sûr c'est évident étant donné le sujet, mais surtout dans le quotidien. Cette solitude dans laquelle le personnage s'enferme puisque personne n'ose lui dire que ses vocalises feraient grincer des dents un nourrisson. Évidemment le film fonctionne aussi dans son propos grâce à l'époque qu'il dépeint, les années 20 et sa bourgeoisie encore beaucoup dans le paraître et les faux-semblants. Marguerite est une mauvaise chanteuse mais une bonne âme, elle aime l'art et son prochain, pourtant malgré les nombreuses réceptions caritatives qu'elle organise, elle demeure bien seule et perdue dans son imaginaire.


L'écriture est habile puisque jusqu'à la toute fin on ne saura jamais franchement si la protagoniste est consciente ou pas de son absence de talent. En outre il faut bien sûr souligner la justesse de Catherine Frot qui insuffle au film une énergie toute en mesure, à l'image de l'actrice, capable du rire comme des larmes. Un vrai cynisme aussi drôle qu'étrange se dégage de tout cela. Faisant du film de Xavier Giannoli une oeuvre singulière, sans artifice mais redoutable dans sa mise en scène discrète mais précise. Les scènes de répétitions notamment sont très bien menées, comme cette référence constante au lustre qui bouge tout seul, lui aussi.


Un curieux film que ce Marguerite, je ne m'y connais pas en opéra mais difficile ici de ne pas rire et s'émouvoir du destin de cette étrange cantatrice qui ne chante finalement pas vraiment.

E-Stark
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le 8 janv. 2019

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