Le classicisme à son meilleur
Rassurez-vous, ce n’est pas un coup marketing de Pathé ni même une tentative d’hagiographie aussi vaine que cynique. Le nouveau film de Justin Chadwick tente de nous raconter objectivement la vie de Nelson Mandela.
Mandela : Long Walk to Freedom a effectivement eu la (mal)chance de sortir le mois de la mort de l’ancien leader sud-africain, ce qui a permis à certaines personnes mal intentionnées de parler de marketing, de cynisme et autres joyeusetés. Le film est bien heureusement loin de toutes ces considérations, dans la mesure où il tente quand même (sans pour autant réellement y parvenir totalement) de lever le voile sur l’image de demi-Dieu dont Nelson Mandela jouissait pour nous montrer vraiment à quel point cet homme, aussi bon et important qu’il fut pour l’Humanité, était humain, justement, avec des défauts et des qualités, donc. On a donc un Mandela dragueur, volage, un peu borné mais immensément charismatique, grâce à l’interprétation exceptionnelle d’Idris Elba, qui méritait clairement d’être nominé à l’Oscar du Meilleur Acteur. Les seconds rôles sont tout aussi bons, entre Tony Kgoroge, Fana Mokoena et Riaad Moosa et bien sûr Naomie Harris, dont le changement au cours du film est plus impressionnant que celui du personnage éponyme.
Bien sûr, le format du film est très classique, on est clairement dans une histoire très chronologique, mais ceci est magnifié par la forme du film, qui est magnifique à regarder : en effet, le travail sur la lumière est impressionnant et les scènes dans le village d’enfance de Mandela font partie des plus belles de l’année (en même temps, celui-ci semble être plongé constamment dans un coucher de soleil, mais bon, pas de mauvais esprit…) et celles à Robben Island sont tout aussi magnifiques, dans un autre style. De plus, le scénario, qui a beau être classique, évite toute forme de sentimentalisme et évite d’être trop démonstratif ou larmoyant.
Mandela : Long Walk to Freedom fait partie de ces biopics qui font tout bien, sans pour autant révolutionner le genre, comme Lovelace. C’est donc un très bon film.