Man of Steel, ou comment regarder un film sur Superman mais dont on a remplacé les personnages parce que bon, on s'en tape qu'il y a 75 ans de comics derrière et que chacun des protagonistes à des traits de caractères qui leurs sont propres. Un Perry White zen à milles lieux de ses colères noires, une Loïs Lane qui a gardée son flair mais qui a perdu de son caractère de garçon manqué, un Jonathan Kent qui dit vouloir laisser le choix à son fils de devenir bon ou mauvais, mais qui lui recommande tout de même de laisser couler un bus rempli de gamins parce qu'il vaut mieux être égoïste en protégeant son secret qu'agir parce qu'on en a le don. Même la famille El n'échappe pas au remodelage, le père devient aussi doué en sciences que redoutable en combat, et le fils fait de son mieux mais avant de devenir l'espoir et la lumière, il laisse un peu exploser sa rancune à l'occasion.


Bordel, qu'est-ce qu'il nous on fait ? Zach Snyder, il est bien gentil avec sa vision top badass d'un blockbuster, mais il a réussi à rendre méconnaissable l'un des superhéros les plus populaires. Déjà dès l'intro, c'est un mélange innatendu entre SF et héroïc-fantasy, et si tout le passage recherche d'identité du personnage soulève des questions intéressantes, dès qu'Henry Cavill enfile le costume, le métrage part en roue libre sans les mains. Se rendant compte qu'il restait encore plus de 100 millions de budgets, ils ont tout craqué dans des effets visuels top niveau, n'empêchant pas au passage un manque de lisibilité consternant sur certaines séquences de combats entre aliens.
Beaucoup d'actions et de destructions, c'est toujours bon pour faire raquer le spectateur du dimanche qui n'a jamais lu une BD et qui du coup s'en contrefout de savoir si ça écorche ou pas le matériel dont ça s'inspire. Les fans, eux, ont gueulé au génocide, parce que voir l'homme d'acier faire des dégâts en plein centre ville, c'est pas bon pour son image. Sauf que bon, remettons les choses dans leur contexte cinq minutes. Les 3/4 des citoyens de Metropolis sont déjà morts avec la machine à gravité (mais bon, c'est les méchants, normal) et l'armée américaine dans toute sa sagesse a lâché la moitié de ses missiles en réserves pour buter une poignée d'extraterrestres, défonçant au passage Smallville.
Bizarrement, personne ne s'en plein là. En plus, Supy se démerde comme il peut pour sauver quelques innocents entre quelques coups, allant même jusqu'à se salir les mains, mais au milieu de tout ce bordel, pas évident de faire le 100% habituel pour la good ending. Bref, arrêtons deux minutes la mauvaise foi, les responsabilités restent plus que partagé. Même sur les planches, tout n'est pas rose d'ailleurs, et ce, dès le Golden Age. De toute, le film à déjà assez de soucis nettement plus importants.


Au milieu de ce déluges d'effets numériques, le duo Goyer/Nolan a réussi à intercaler une bonne idée qui change un peu la donne. L'identité secrète ainsi grillé dès le premier tiers permet d'éviter le coutumier jeu du chat et de la souris sur le changement de costume. La routine Daily Planet, journalisme et sauvetage est d'ailleurs absente du film. Ça m'évoque du coup nettement plus la vision de Bryan Singer, qui à trop vouloir changer les choses, s'est perdu en route. Snyder lui sait où il va, il ne se pose juste pas la question de savoir si ça a un sens. Du moment que ça pète partout, tout va bien.
Il reste toujours sympa de revoir quelques vieilles gloires du cinéma d'action. Kevin Costner à méchamment vieilli, Russell Crowe a gardé sa forme et Laurence Fishburne n'a au final que peu d'importance dans l'histoire. Et y'a Christopher Meloni, du coup j'avais en tête le générique de New York Unité Spéciale à chaque fois qu'il apparaissait. On ne se moque pas.


On aura une pensée émue pour le main theme de John Williams, vu qu'on aura beau le chercher dans le score du pourtant reconnu Hans Zimmer, on n'en trouvera aucune trace. Du coup, c'est mélodies pompeuses à la moindre scène grandiloquente. Et vu que le film ne fait quasiment que les enchaîner à mi-parcours...
Je me suis un peu fait chier, clairement, entre la consternation de ne rien retrouver de ce qui fait Superman, et la sensation d'avoir perdu plus de deux heures de mon temps. Pas tant nul que raté et hors de propos.

auty
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le 17 juil. 2016

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