Et si Kal-El avait atterrit en Inde ?
Avant d'aller voir ce Man of Steel, j'ai laissé passer quelques jours pour être bien sûr de mon ressenti, et ne pas me laisser embarquer dans le tourbillon de ferveur qui accompagne généralement les ultrasuperproductions. C'est donc les yeux pleins d'étoiles que j'allais asseoir mes miches pour ces 2h20 de film que j'ai attendu avec une impatience justifiée. Derrière Zack Snyder, il y'a le monstre, le déjà mythique Christopher Nolan en tant que producteur doré et rien que cet argument pouvait suffire à lui seul à me rassurer sur la qualité du film. Bien mal m'en a pris.
Le film s'ouvre logiquement sur les prémices, l'avant "SuperMan" c'est à dire sur sa planète natale, Krypton, à une période où celle ci est vouée à un destin tragique. Jusqu'ici, rien de nouveau, c'est du basique pour ne pas dire du réchauffé mais dès lors, une sensation plutôt désagréable est venue titiller mon cortex préfrontal. J'ai ressenti comme qui dirait une certaine dose d'amateurisme, avant même d'avoir pu apercevoir le minois d'Henry Cavill. A peine un quart d'heure et déjà une certaine lassitude. Pourtant, j'ose espérer que cela n'est qu'un mauvais effet et que les choses tendront à s'améliorer par la suite. Et pourtant non, on arrive enfin sur Terre et impossible de me raccrocher à quoi que ce soit, d'identifier un élément ou un symbole qui puisse me permettre d'y croire. Le long métrage s'enchaîne dans une suite de scènes absurdes, complètement désordonnées, le tout agrémenté de flash-backs qui n'apportent que peu d'éléments sans jamais créer le moindre attachement au personnage.
On est loin d'un Batman Begins dans lequel on plongeait profondément dans le passé et la psychologie de Bruce Wayne, dans lequel il était dépeint sans aucune pudeur. Le personnage de Clark Kent connaît une croissance illogique dans le film et les scènes qui le montrent dans ses moments de fragilités sont d'une niaiserie improbable. Et plus on avance dans le film, plus on devient bêtes, la faute à des dialogues d'une platitude affligeante, qui ne profitent d'aucune recherche ni originalité. On s'amuse beaucoup plus sur ce point dans "dialogue avec mon jardinier", par exemple.
Que reste t-il donc, les scènes d'actions peut être ? Mouais. Si la seule technique d'attaque de SuperMan consiste à rentrer tête la première dans ses assaillants, en leur faisant traverser des blocs de je ne sais quelle matière, à mon avis, on est loin de nager avec les dauphins. Pendant une heure entière, les affrontements se suivent, se ressemblent et manquent cruellement de créativité. Je n'évoque même pas la dose de tension et de suspens dont le film se passe volontiers.
Ce film est donc selon moi raté, beaucoup d'artifices pour pas grand chose et un manquement évident dans l'élaboration du schéma tactique. Je pense clairement que l'histoire a été prise dans le mauvais sens et qu'au lieu d'insister sur les origines du héros -comprenez qu'il aurait été plus judicieux selon moi de réserver cela pour un éventuel troisième film- il aurait fallu commencer en douceur et pourquoi pas transgresser certains éléments de l'histoire, telle qu'on la connaît tous.
Comme c'est SuperMan, je ne peux lui fermer la porte et reste tout de même optimiste pour le deuxième film. Maintenant, à lui de sauver la baraque, une fois de plus.