Je ne suis pas un fan de Superman, mais ...
Forcé je suis de constater que les réécritures modernes du premier né parmi les superhéros modernes me forcent à m'intéresser finalement à lui. L'énorme travail entrepris pour le dékitshiser, notament par Grant Morrison et maintenant par Zack Snyder porte agréablement ses fruits, et alors qu'il était jusqu'à présent le héros pop par excellence, ce personnage et l'univers qui l'entoure se teinte d'une obscurité bienvenue.
Mais parlons plutôt du film.
Man of Steel est pour moi plus qu'un film de Superman, il est tout comme Iron Man la première pierre d'un édifice bigarré. Je fais partie de ceux qui croient en une future saga Justice League, ne serait-ce que pour que les Avengers aient une concurrence et que les deux équipes rivales s'incitent mutuellement à tirer le meilleur d'elles-mêmes plutôt qu'à se reposer sur leurs lauriers. C'est peut-être naïf mais j'ai envie d'y croire.
De ce point de vue, Warner Bros et DC ont semé quelques indices bienvenus, notament à travers le monologue au sujet des humains qui "suivront Superman, trébucheront, tomberont, puis le moment venu le rejoindrons sous le soleil", ainsi que [SPOILER]le combat entre deux kryptoniens sur un satellite Wayne Entreprise[/SPOILER]. Man of Steel est donc une mise en bouche, et on peut dire que c'est de la bonne mise en bouche bien savoureuse.
Pour analyser le film en lui-même, il faut cependant le couper en deux parties : La première moitié sur les origines du héros et l'enquête de Lois Lane, et la seconde sur le combat contre Zod et ses troupes.
Nous découvrons donc d'abord un Superman, ou plutôt un Clark Kent, un peu bourru, malmené par la vie, relativement amer et asocial, qui change du journaliste polissé, toujours propre sur lui, bien coiffé et rasé de près. On peut même dire qu'il est crade et hirsute, à ce stade de l'histoire, et c'est en partie le résultat de l'éducation paranoïaque et misanthrope de Jonhatan Kent. Même si il n'est pas présenté comme ça du tout, ce type est concrètement le pire père du monde et j'ai ressenti un certain soulagement à le voir quitter l'histoire pour aller visiter le pays d'Oz (malgré le ridicule total de la scène). On découvre aussi une Lois Lane présentée comme bien burnée, même si la seconde moitié du film va la reléguer au rang de demoiselle en détresse systématiquement secourue par une figure masculine et renouant énergiquement avec une longue tradition de chute dans le vide dont le dernier fils de Krypton doit la sauver même lorsqu'il a autre chose à faire, un général Zod un peu cabotin et grimaçant mais doté d'un charisme bien réel et de motivations qui en font un vilain intéressant et moins manichéen que ce qu'on a pu nous servir dans la plupart des autres films de superhéros, et enfin un Jor El très classe dans son état d'apathie générale. En revanche, si les deux papas de Clark/Kal sont approfondis, très mis en avant et ont une certaine classe, il faut bien admettre que ses mamans sont totalement reléguées au second plan, ce qui est fort dommage et un peu macho sur les bords.
Quoi qu'il en soit cette première partie pose les bases et se permet quelques passages visuellement esthétiques (ceux avec les baleines ou l'ours polaire) et grandioses (les combats sur Krypton, la plate-forme pétrolière en flammes). Je dois avouer que, tout non fan de Superman que je suis, j'ai trouvé particulièrement jouissive sa première scène de vol en costume sur une musique épique. J'ai aussi beaucoup apprécié la phase d'enquête avec Lois, même si on se pose de sérieuses questions sur la capacité ultérieure de Superman à rester anonyme lorsqu'il sera confronté à des méchants du style Lex Luthor.
Ensuite arrive la phase de bourinage pur et dur, et même si elle semble avoir été assez mal reçu, je dois avouer avoir kiffé. L'action est omniprésente et absolument épique, et même si le scénario connaît quelques faiblesses, il faut bien avouer que les batailles de Smallville et de Métropolis sont absolument grandioses. Au passage, j'ai beaucoup apprécié le personnage de Faora-Ul, elle sort un peu de nulle part et son charisme écrase totalement celui de Zod. Je ne serais pas fâché de la voir revenir par la suite, que ce soit en lui donnant un véritable rôle dans les comics ou en justifiant sa survie dans le film. [SPOILER]Après tout, elle a respiré l'atmosphère terrestre et donc peut-être résisté à l'explosion.[/SPOILER]
Quoi qu'il en soit, cette partie du film est dirigée avec un certain sens de la démesure qui le rend vraiment appréciable. J'ai par ailleurs adoré l'idée d'une terraformation de la terre, qui donne une ampleur très particulière à cette invasion alien.
Pour finir, je tiens à revenir sur la musique que beaucoup ont trouvé oubliable et qui pourtant m'a paru magnifique, sans aller pour autant jusqu'à parler de chef d'oeuvre.
