"Je suis SupBOOOOOUUUUMMMMan.""Pardon ? J'ai pas entendu avec les immeubles qui s'écroulent."

J'ai appris à l'aimer ce gars-là. J'ai appris à comprendre le symbole qu'il représente, les subtilités du personnage. Mais il reste difficile à écrire. Superman est un véritable défi narratif, comme tous les archétypes. Mais quand le défi est réussi, mon Dieu... ce qu'il est grand ! ce qu'il est beau ! Il est le premier d'entre tous. Il est le côté lumineux, la face apollinienne de nos mythes urbains. Il nous inspire et nous élève, comme l'ont fait avant lui tant de héros antiques dont le sang bouillonnant mélange le divin et l'humain.

Mais il faut une putain de bonne histoire derrière.

Ca partait pourtant bien. Les premières minutes se passent sur Krypton. On ne se contente pas de l'habituelle séquence où bébé Kent s'envoie en l'air mais on présente (un peu) la planète, on donne une raison enfin (presque) crédible à sa destruction et, surtout, on donne un rôle important à Jor-El, un Russel Crowe badass comme il ne l'avait plus été depuis... depuis très longtemps. Puis le gamin décolle, atterrit sur Terre et...

... le jeune Kent parcourt le monde depuis des années. Errant à la recherche d'un but, à la recherche de lui-même. La part terrestre, la céleste flottant en nébuleuse à jamais inaccessible. Il a de gros muscles, en plus, ce qui excite sûrement inconsciemment ma partie féminine. Non, en vérité, mon côté sensible est davantage intéressé par l'introspection et la psychologie des personnages. Je suis donc content. On va...

... mais qu'est-ce que ?? Kent vient de trouver son costume. Déjà ? Bon, pourquoi pas... Après tout, la majorité des spectateurs trouve ce début déjà trop long, alors peut-être qu'on a besoin d'afficher le fameux « S » pour qu'ils se rappellent qui ils sont venus voir. Ho, merci: Cavill précise bien vite que ce n'est PAS un « S ». Les auteurs sont en train de crédibiliser le...

BOOOOUM !! WIIIIIIZZZ ! PAF ! PAF ! BAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNNG !!!!!!!!!!!!! TADDDDDDDDAAAAAAAAAAAMMMMMMM !!! Mais heuuuu ? Déjà ? C'est pas un film profond, sombre et mélancolique comme le laissait présager la bande-annonce, alors ? Tant pis, déçu, mais je suis fan aussi de gros blockbusters quand c'est bien ffffiiiiiillllllmmmmmmééééééééé. Hum, ça, c'est la caméra qui tremble ou qui bouge dans tous les sssssssssssseeeeeeeeeeeennnnnnnnnnnnnnnsssssssssssss. Chiant, hein ? L'action n'est pas toujours lisible, ce qui cache habilement les doublures de synthèse des acteurs, mais au moins on en prend plein la gueule, c'est le moins qu'on puisse dire. Dommage que c'est fait avec si peu de style. Je sais pertinemment bien que beaucoup parmi vous détestent l'ami Snyder et l'accusent d'être davantage un réalisateur de clips que de véritables oeuvres cinématographiques. De mon côté, sans être fan, j'ai toujours été intéressé par son travail. Surtout par la lisibilité de ses images. De ce côté là, on ne fait pas mieux que 300. Mais bon, les critiques sont là, et elles ont gagné. Snyder a complètement changé sa signature. Exit les ralentis et les poses iconiques, pourtant idoines à tout ce matériel BD. On est maintenant face à un clone énervé de Michael Bay. Est-ce vraiment mieux ainsi ?

« Man of Steel » est toutefois plus esthétique que tous les Transformers réunis. Il y a un supplément d'âme dans ce travail, on sent la passion du fan, notamment par tout le côté relecture moderne de Superman, qui s'y prête si bien avec le médium comics. Le cinéma pouvait amplifier cette tendance, continuer à crédibiliser le héros pour le faire adopter par un tout nouveau public. Je doute que ce soit franchement le cas. Si « Man of Steel » est quand même un film d'action sympathique et surtout très décoiffant grâce à une orgie d'effets speciaux convaincants, il échoue lamentablement à être un bon récit des origines. Il ne fait que résumer, éparpiller des miettes un peu partout sans prendre la peine de les rassembler. Le fan DC Comics que je suis comprend tout cela, et sourit en coin lorsqu'il voit un camion « Lexcorp » traverser l'écran et exploser. Mais le spectateur néophyte ? Peut-il croire à ce personnage parce qu'il a vu sa planète et son torse nu d'aventurier errant pendant quelques plans ? Le film aurait du bien plus insister sur l'origine des pouvoirs de Superman au lieu de lancer un rapide « Le soleil jaune nourrira ses cellules ». Bien faire comprendre que les Kryptoniens sont des êtres normaux mutant sous de meilleures auspices. Rageant de voir un Clark si humain et un Superman si faible (et donc intéressant) pour ne pas davantage s'intéresser à leur/sa psychologie. Un personnage réussi et bien interprété par Cavill mais qui ne peut s'épanouir dans un scénario qui tourne rapidement au règlement de compte bourrin. Et pourtant, voilà la clé des bons récits Superman: ils ont tous en commun de confronter le Kryptonien a autre chose qu'à un pur défi physique. Alors, on y pense très fort pour la suite qui ne pourra manquer d'éclore, d'accord ?

Surtout qu'il y a plein de détails sympas, quand même. Des idées plus originales que la moyenne (affaiblir Superman sans faire intervenir la kryptonite: BRAVO !), quelques fugitifs plans qui m'ont foutu la chair de poule (surtout une scène faisant intervenir Laurence Fishburne...). J'ai envie de rêver avec Superman, d'ouvrir de grands yeux ébahis. Mais comment voulez-vous que ça prenne si on me présente une ville remplie de citoyens pas plus étonnés que ça de voir débarquer un vaisseau alien ? Des militaires qui trouvent normal de voir voler un homme avec une cape rouge pour la première fois devant eux et qui lui demandent avec un ton badin ce qu'il leur veut ? En évacuant tout étonnement des protagonistes, les créateurs du film ont réussi a saboter une immense partie de l'immersion. Merci de me rappeler que tout est faux. Merci de me rappeler que les dieux ne marchent pas parmi nous, crétins.

Pour le prochain opus ? Allez, je vous fais tout de même confiance, les mecs...
Amrit
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le 11 juil. 2013

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Amrit

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