Malevil est un film post-apocalyptique français de Christian de Chalonge réalisé en 1980. Le sujet est "librement inspiré" du roman de même nom de Robert Merle. La nuance vient que le romancier s'est estimé trahi par le scénario du film. En effet, le roman revient à la construction d'une société sur les ruines de la précédentes alors que le film prend une autre direction.
Au delà de ce "petit" litige, le film raconte la vie d'un groupe d'hommes du village de Malevil survivants par miracle à une explosion nucléaire. Le miracle étant dû que les survivants étaient en train de goûter le vin dans une cave. On est quand même en France, que diable !
Le film développe les différents aspects qu'on peut imaginer rencontrer après une telle catastrophe: la désorganisation complète puis la lente restructuration d'une société primaire dont les objectifs sont la survie puis la reproduction pour le renouvellement des générations.
C'est la partie intéressante voire passionnante du film.
La conclusion du film, que je ne décrirai pas pour éviter tout risque de "spoilage", est très en écart avec le roman. Et c'est dommage car cela casse la dynamique créée par le scénario et donne une conclusion inutilement pessimiste.
Parmi les points très intéressants du film, il y a la confrontation entre deux groupes de survivants.
Le premier est le groupe issu du village de Malevil et est mené naturellement par le maire qui fait partie des survivants et qui a conservé l'autorité et le respect de ses administrés.
Le deuxième groupe, plus hétéroclite, est issu d'un train qui s'est arrêté dans un tunnel au moment de la catastrophe. C'est un certain Fulbert qui a pris en main ce groupe de survivants. Pour s'imposer, il utilise la force ; il instaure un régime autoritaire avec des punitions, des peines de prison et même un espèce de culte.
Les premiers contacts, rugueux et méfiants, entre les deux groupes conduisent à négocier afin d'échanger soit des médicaments, soit des vivres.
Mais rapidement le ton monte et c'est la guerre. Ce qui est intéressant est d'observer le mécanisme fatal qui conduit à cette dégradation des rapports entre les gens. Contrairement à bien des films où ce type de situation conflictuelle est factuelle et évidente (exemple des MadMax), ici, le film montre les différentes étapes de la dégradation. On peut même penser à ce qui aurait pu faire qu'on n'en arrive pas là. On peut aussi penser que cette évolution est inéluctable. C'est un point fort du film.
Côté casting, on ne sera pas étonné de voir Michel Serrault, excellent, endosser le rôle du maire comme on ne sera pas surpris que le petit autocrate du deuxième groupe de survivants soit joué par un Jean-Louis Trintignant plus vrai que nature...
Il faut noter aussi les excellents seconds rôles servis par Jacques Dutronc, Robert Dhéry ou encore la jeune Penelope Palmer qu'on a déjà vu dans "la femme-flic" de Boisset.
Saluons aussi le rôle complexe tenu par un émouvant Jacques Villeret d'un déficient mental mais plein d'humanité.
Autre point majeur du film : les décors. On passe d'une vallée riche, riante où il fait sûrement bon vivre à un paysage lunaire, monochrome et désolé. Il n'y a plus d'oiseaux ; seuls les lézards et les souris semblent avoir survécu.
Au final, c'est un film qui aurait pu être vraiment excellent sans l'inutile (voire malveillante) conclusion.