Main Hoon Na
6.2
Main Hoon Na

Film de Farah Khan (2004)

Un film solide malgré ses frivolités

Main hoon na (Je suis là, ne t'inquiète pas) est le premier film que réalise Farah Khan, après une carrière de chorégraphe. C'est la maison de production de Shah Rukh Khan, Red Chillies Entertainment, qui finance le film, disponible en DVD, avec des sous-titres anglais.


L'histoire en deux mots

Un militaire (trentenaire ?) se fait passer pour un étudiant. Sa mission : protéger incognito la fille de son supérieur, menacée par un dangereux terroriste, et par la même occasion retrouver le demi-frère qu’il n’a pas connu.


Les acteurs

Shah Rukh Khan porte le film, en fait des tonnes, et on adore ça. Il est le héros courageux et réconciliateur qui va sauver le monde.


Des seconds rôles faibles

Les acteurs qui incarnent Laxman et Sanjana ne sont pas très charismatiques. Sunil Shetty est également assez moyen dans le rôle du méchant et abruti Raghavan.

Enfin Sushmita Sen (ancienne miss univers) en invitée spéciale fait du mieux qu’elle peut (mais cela ne suffit pas forcément).


Des troisièmes rôles solides et familiers

Une belle brochette d'ainés :

  • Naseeruddin Shah touchant dans le rôle de Sharma, le père infidèle.
  • Boman Irani en principal incertain.
  • Satish Shah dans le rôle burlesque du professeur de physique.
  • Kirron Kher impeccable en mère déchirée.

Un film qui ne se prend pas au sérieux

Le ton est assurément parodique : on y assiste à des vols planés qui n'en finissent pas, et de longs ralentis bien drôles. Tout est exagéré et surdimensionné (la course poursuite en rickshaw est une scène d’anthologie). Le burlesque est excessif dans les simagrées du principal et du professeur de physique, et les costumes ridicules de Shah Rukh Khan sont bien laids.


Le frivole

Le décor nous fait voyager comme souvent. Le film se déroule principalement sur le campus universitaire de Saint Paul’s School à Darjeeling, au pied de l’Himalaya, entre le Népal et le Bhoutan. Dans la réalité, cette université sélective, calquée sur le modèle britannique, n’est pas mixte.

La formule massala

Ce film de divertissement prétendûment grand public et familial s’ouvre sur une tuerie, suivie d’homicides répétés, d’interrogatoire musclé et de prise d’otages… Le contraste est filé entre la vie de campus, où une jeunesse insouciante joue les pom-pom girls (oui, on va excessivement jusque-là) et les scènes militaires sinistres et inquiétantes. Pas de quoi inspirer le plus jeune public si on y regarde de plus près.


Le sérieux d'un contexte politique tendu

Depuis la partition de 1947, les tensions entre l’Inde et le Pakistan sont constantes. Le Pakistan a fait un premier pas vers une normalisation des rapports, en proposant en 2003 un cessez-le-feu à l’Inde. Dans le film, ce premier pas prend la forme du projet Milaap (Unité) : un échange de prisonniers de part et d’autre de la frontière, sur une initiative indienne contrairement à la réalité. Toute la scène des prisonniers est tournée à Bikaner au Rajasthan.

Le film nous fait l’éloge appuyé de l’armée (on adhère ou pas), sur fond de tradition épique du Ramayana.

Adultère : sujet tabou

Le film aborde sans en avoir l'air un sujet suprêmement tabou en Inde. L’adultère et la descendance illégitime sont des thèmes rarement abordés à Bollywood. On pourra regarder avec profit sur le même sujet le film Kal Ho Naa Ho, sorti en 2003.

Divertissement assuré

Le scénario suit son cours, avec un coup d’avance pour le spectateur la plupart du temps. Ce n’est ni fin ni surprenant, mais c’est un film divertissant au plus haut point. La linéarité de l’histoire est ponctuée de flashbacks soit mélodramatiques (dont la tonalité n’est pas toujours juste) soit violents. Mais il y a des chorégraphies inoubliables, sur des chansons bien frappées, paroles et musiques. Et un brin de sensualité à l'indienne, piquante et retenue.


Les chansons

Sur des paroles de l'immense Javed Akhtar. Les musiques sont d'Anu Malik (également interprète).

Pour n'en retenir que trois, mais les autres sont également imparables :

  • Chale jaise hawaien : Impressionnante séquence tournée en quasiment une fois, multiple et maitrisée, du beau cinéma.
  • Tum hi ho : Le grand rêve de l’amour, avec poésie et humour
  • Tumse milke dilka jo haal : Un qawwali kitsch et endiablé dans le plus pur héritage musulman.

Un film où tout est excessif, et c'est pour ça qu'on aime le cinéma de Bollywood.

Sarji
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films indiens et Les meilleurs films avec Shahrukh Khan

Créée

le 19 janv. 2024

Critique lue 10 fois

Sarji

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Main Hoon Na

Main Hoon Na
DanielOceanAndCo
1

Critique de Main Hoon Na par DanielOceanAndCo

Alors que je suis en plein questionnement personnel sur la manière de juger un film, je me mate un film de Bollywood, une cinématographie avec laquelle j'ai été extrêmement bienveillant à l'époque où...

le 6 mars 2023

1 j'aime

Main Hoon Na
Sarji
9

Un film solide malgré ses frivolités

Main hoon na (Je suis là, ne t'inquiète pas) est le premier film que réalise Farah Khan, après une carrière de chorégraphe. C'est la maison de production de Shah Rukh Khan, Red Chillies...

le 19 janv. 2024

Main Hoon Na
Lyson67
7

Potache

Un Bollywood bien sympathique mêlant scènes d'action et blagues de potaches avec un vilain terroriste qui menace la paix Pakistan/Inde

le 19 janv. 2017

Du même critique

Jawan
Sarji
9

Shah Rukh Khan contre attaque

Robin des bois : ce spectaculaire thriller est simplement et profondément politique. Un homme, Azad (Shah Rukh Khan), entouré d’une équipe féminine, extorque aux riches pour redistribuer aux pauvres,...

le 17 janv. 2024

2 j'aime

Dil bole hadippa!
Sarji
8

Un film enjoué d'une belle richesse

Veera (la pétillante Rani Mukerji) est une jeune femme qui croit en son rêve. Tout en travaillant dans le théâtre familial, elle joue au cricket, dans un village qui ne possède qu'une équipe...

le 18 janv. 2024

1 j'aime

Raees
Sarji
9

Un efficace film de gangsters

Raees est un solide film policier. Nous sommes au Gujarat dans le nord de l'Inde, où dans les années 1980 règne encore la prohibition. Raees, un homme d'affaires sans scrupule brave la loi pour...

le 18 janv. 2024

1 j'aime