Harry chez les fachos

Tourné deux ans après L’Inspecteur Harry, ce Magnum force en est presque la parfaite antithèse. Harry Callahan n’est plus ce flic taciturne à la personnalité ambiguë et aux agissements contestables. S’il demeure adepte des méthodes expéditives, il est moins « charognard », et apparaît autrement plus sociable et plus « politiquement correct ». Remise à l’heure des pendules : Harry n’est pas un justicier qui fait sa propre loi (c’est le propos principal du film), Harry n’est pas totalement misogyne (il a même une aventure), Harry n’est pas raciste (il a un collègue noir, sa copine est asiatique).

Autrement dit, Harry Callahan n’est pas le fasciste que certains estimaient au terme du premier opus.

Cette question, semble-t-il embarrassante, étant réglée, Magnum force se pose comme un film policier très divertissant et parfaitement mené, oscillant entre les péripéties de Harry au quotidien et l’enquête en elle-même. Son propos est certes moins décapant, sa mise en scène moins noire (les scènes nocturnes sont très peu nombreuses et la ville de San Francisco, parfaitement filmée, n’a jamais paru aussi lumineuse), mais la violence demeure importante avec son lot conséquent de morts. Cet élément permet de maintenir la tonalité des films policiers des années 70. Avec ses flics ripoux ou justiciers, ses poursuites en bagnoles, ses répliques toujours cinglantes, sa musique aux petits oignons, ce second opus, s’il n’égale pas le premier et, par bien des égards, s’en écarte, pose de nouveaux thèmes qui seront ensuite exploités jusqu’à la moelle jusqu’en notre hexagone dans les années 80.

Ces éléments sont la preuve évidente de la réussite de ce film, dont l’intrigue aurait peut-être mérité d’être davantage ramassée (la scène de l’aéroport étant notamment un peu « too much »), qui reste un témoignage intéressant sur la société américaine des années 70. Clint Eastwood étant à nouveau parfait, le spectacle est vraiment de très grande qualité.