Le voilà !!! Après plusieurs mois d'attentes, le dernier opus de Mad Max est sorti en France, vingt-cinq ans tout de même après le troisième volet. Mais mes craintes étaient aussi grandes que mes attentes, pour être honnête. Moi qui n'avais pas aimé Mad Max : Beyond Thunderdome, je craignais une énième mauvaise suite avec Fury Road, et ce malgré le fait que George Miller soit toujours aux commandes. De plus, le choix de l'acteur principal me laissait un peu perplexe. Je vous laisse donc imaginer ma joie en découvrant, avec une excitation palpable, le plus grand blockbuster de ces dix dernières années.
Le film nous replonge dans l'univers post-apocalyptique le plus barré jamais crée, et qui l'est encore plus aujourd'hui. Max Rockatansky (Tom Hardy) est toujours un homme solitaire, errant dans le désert radioactif au volant de son bolide. Mais Max est un jour capturé par les "War Boys", des êtres humains conditionnés et endoctrinés par Immortan Joe, chef de clan aussi hideux qu'impitoyable, qui se sert de l'eau comme moyen de pression pour garder sous sa botte des milliers de pauvres gens. Mais Max va finalement reprendre la route aux côtés de Furiosa (Charlize Theron), bras droit d'Immortan, qui le trahit en emportant avec elle les jeunes filles qu'il féconde pour s'assurer une descendance. Max va donc (re)devenir le héros d'un temps en affrontant l'immense armée lancée à leurs trousses...
Pour la première fois depuis mon inscription sur SensCritique, je n'avais jamais rencontré cela : je n'ai rien à reprocher au film, il est tout simplement parfait. Le scénario est assez classique tout en étant bien plus complexe que celui des précédents films, George Miller ayant parfaitement pris conscience de l'évolution du monde dans lequel sortira son film et de son public. On ne se bat plus pour du pétrole mais pour des mères en devenir, symboles d'espoir pour une race humaine qui dépérit. Ce film est d'ailleurs à la fois le plus glauque (certaines images hanteront mes cauchemars, je peux vous le garantir) et le plus optimiste de toute la saga, tant pour l'Humanité que pour le personnage de Max.
De plus, Miller à chercher à ancrer son histoire dans notre monde actuel, à grands coups de références directes (les "War Boys" font allusion à Fukushima dans une scène) ou indirectes (les "pondeuses" d'Immortan Joe, soumises à une volonté tyrannique et réduites à l'état d'esclave sexuelles m'ont beaucoup fait penser aux jeunes nigérianes kidnappées par la secte religieuse "Boko Haram" en avril 2014). Au final, c'est un nombre incroyable de thématiques que traite George Miller dans son film : le totalitarisme, l'émancipation des femmes, l'endoctrinement religieux, l'animalité qui sommeille en chacun de nous, les problèmes environnementaux et j'en passe.
Mais parlons donc de l'aspect premier du film, celui qui a fait se déchaîner les foules : les courses-poursuites. Car se vanter d'être l'un des films d'action les plus intelligent et ambitieux de la décennie, c'est bien, encore faut-il tenir ses promesses. Et croyez-moi, c'est plus que réussi !
La mise en scène de Miller est réfléchie, mesurée et calculée minutieusement. Les plans souvent serrés sur les personnages pendant les moments de calme alternent pour les moments forts avec des travellings, mouvements de grue et autres caméras embarquées qui nous immergent pleinement dans l'action. Celle-ci n'est d'ailleurs jamais illisible comme dans certains autres blockbusters, le montage laissant suffisamment de temps à chaque plan pour être vu et compris par le spectateur, sans pour autant briser le rythme.
Et les acteurs dans tout ça ? Une fois de plus, rien à redire. La méconnaissable Charlize Theron incarne avec brio l'imperator Furiosa tandis que Nicholas Hoult se distingue, après son rôle dans les deux derniers X-Men en jouant le rôle de Nux, l'un des "War Boy" d'Immortan Joe, qui se range du côté des fuyards. On peut également saluer la prestation de Hugh Keays-Byrne, qui avait déjà incarné le méchant dans Mad Max premier du nom et qui offre sa carrure et son regard si terrifiant au personnage d'Immortan Joe. Et puis il y a Tom Hardy. Moi qui craignais de le voir patiner dans son rôle, je suis très agréablement surpris : même si il manque parfois un peu de présence, il s'en tire avec les honneurs et livre sa propre relecture émotionnelle du personnage de Max.
La musique, quant à elle, est signée Junkie XL, un artiste dont j'ignorais tout simplement l'existence avant le film et qui a composé une formidable bande-originale. Alternant entre des rythmes tribales aux percussions lourdes, des sonorités métalliques et électroniques et des parties beaucoup plus planantes, avec une orchestration plus complexe, l'artiste néerlandais réussit un tour de force, signant une musique de film déjà culte pour certains. Mais la trouvaille incroyable de Miller est d'avoir fait de cette musique (pour la plupart des scènes d'action) une musique diégétique, c'est-à-dire dont la source est directement visible dans le film. En l'occurence, un char custom couvert d'enceintes, avec à son bord une armée de percussionnistes et un guitariste aveugle, qui alterne sur son instrument cracheur de feu des plans de basses d'une puissance incroyable et des riffs de guitare qui m'ont beaucoup rappelé le metal industriel de Rammstein ou Ministry, par exemple.
Enfin, il me reste à vous parlez de ce que je croyais être un attrape-nigauds, l'argument numéro un pour augmenter sans scrupules le prix du ticket et source de beaucoup de déceptions : la 3D.
PUTAIN, QUELLE CLAQUE !! Jamais je n'ai eu autant le sentiment d'être immergé dans un film, à tel point que les dix premières minutes ont été difficilement supportables. Moi qui avais tendance à dire que la 3D de la pub Haribo où les bonbons volent dans la salle était bien meilleure que celle du film, me voilà puni pour mon cynisme ! Je pense pouvoir affirmer avec beaucoup de certitude que c'est la plus belle 3D à laquelle j'ai jamais été confronté.
Et voilà, ça y est. Mad Max : Fury Road est sorti, je l'ai vu et c'était à couper le souffle. Que me reste-t-il maintenant ? Car j'ai l'étrange sensation que rien ne sera plus comme avant, que les blockbusters futurs ne pourront pas atteindre un tel niveau d'excellence. Et peut-être que c'est mieux ainsi. En tout cas, ce qui est sûr, c'est que George Miller n'a rien perdu de son talent de cinéaste bien au contraire. La bande-annonce le décrivait comme "visionnaire" ; difficile de lui donner tort...