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Eh voilà, c'est pour ça que je déteste écrire une critique sur un film populaire après tout le monde: je suis réduit à utiliser un titre que je regretterai plus tard, vu que tous les bons jeux de mots ont déjà été pris. J'avais plein de bonnes idées, pourtant, mais non: entre Fast and Furiosa à The Fury rôde, plus une seule ouverture pour un trait d'esprit de plus. Vous me direz, le nombre plutôt hallucinant de répliques cultes et badass que balance le film peut également fournir de nombreux beaux titres, mais là encore, j'arrive trop tard, avec mon titre en totale inadéquation avec le sujet, et qui plus est un prétexte pas très jojo pour justifier mon manque d'inspiration pour l'introduction de ma critique.


Si je vous dis que Mad Max est un film avec des courses-poursuites de voitures dans le désert, je ne vous apprendrai rien. Il faut dire que si il y a un an ou deux, un jeune sur trois n'avait jamais entendu parler de Mad Max (dont moi, je le confesse), la saga a bien su remédier à cela au cours des six dernières mois, en divulguant successivement des bandes-annonces toutes plus alléchantes les unes que les autres, dévoilant un Tom Hardy qui se glissait pour la première fois dans la veste en cuir de Max Rockatansky et promettant un spectacle ocre et sang hallucinant. A tel point que Mad Max: The Fury Road, quatrième opus d'une saga enterrée dans le désert depuis près de 30 ans, devint rapidement le film hype de tous les cinéphiles, sphère senscritiquienne comprise. Il y a des films, dont tout le monde attend énormément, et qui font un énorme flop, ou qui divisent, comme Interstellar. Il y en a d'autres, qui subissent la même impatience, mais qui parviennent à combler les attentes de leur public. Ce fut le cas de ce Mad Max, à quelques critiques anti-conformistes près: de quoi exacerber plus que jamais mes attentes par rapport à un film que je n'ai pu voir qu'une semaine après sa sortie.


Les exacerbant trop. J'aurais dû savoir que se passer la première bande-annonce quinze fois par jour nuirait à mon appréciation du film, et il semble que ce fut le cas, tant les scènes majeures n'eurent qu'un impact limité sur moi. Il y a, évidemment, des scènes qui vous collent à votre siège tout de même, d'autant plus que l'effet est forcément plus fort sur un écran de cinéma que sur celui d'un ordinateur; je pense notamment à la scène de la tempête de sable. Il y a cette BO, magnifiquement épique et toujours juste, qui vient couronner la beauté de certaines scènes. Il y a cette immersion immédiate dans le monde de Georges Miller, qui parvient, pour ce qui est de l'ambiance, des effets spéciaux et de l'action, à rentabiliser son budget mieux qu'aucun blockbuster de ces quinze dernières années. Il y a cette vitesse bestiale qu'on les personnages à se déplacer, à communiquer, tellement immersive elle aussi. Il y a ce langage qu'invente Miller, un peu à la manière de Kubrick dans Orange Mécanique, et qui contribue plus que jamais à édifier une mythologie grandiose et terriblement réaliste. Il y a ces sons de V8 qui s'affolent, il y a ces ballets de sable rouge, il y a ces personnages au charisme impressionnant, il y a ces acteurs - tous, sans exception, de Tom Hardy à Rosie Huntington-Whiteley en passant par Charlize Theron - qui prouvent qu'ils n'ont pas volé leur place, il y a cette maturité de Miller par rapport aux trois premiers opus, qui apporte comme un sang neuf à la saga post-apocalyptique.
Eh oui, moi-même, en écrivant ces quelques lignes, je me demande jusqu'à quel point j'aurais pu être impressionné si j'avais pu découvrir Mad Max avec un oeil neuf.



Ce flim n'est pas un flim sur l'automobilimse.



Bien que les tutures soient plus que jamais au centre du récit de Georges Miller, il y a une volonté autre que de nous donner à voir des antagonistes en tenue SM qui font la course pendant deux heures. Là encore, rien de nouveau sous le soleil, je risque de répéter ce qui a déjà été dit ailleurs, mais Mad Max est bel et bien un film féministe, à en juger la première demi-heure, pendant laquelle l'impératrice Furiosa prend la décision de fausser compagnie à Immortan Joe en lui ravissant ses "pondeuses". Rien que par cet acte qu'on avait déjà vu dans Thelma et Louise de Ridley Scott, en 1990, le film annonce la couleur d'entrée en présentant des personnages féminins forts et déterminés à échapper à ce monde brutal et apocalyptique, en un mot: masculin, et en les faisant s'échapper à bord d'un camion-citerne, symbole phallique idéal.


C'est peut-être ce côté-là du film qui m'a fait hésiter longuement entre 7 et 8. Il faut dire que prendre un tel parti est une première, pour un Mad Max, et que si l'on regarde de cet angle-là, Fury Road apparaît comme plus complet que ses prédécesseurs. Et pourtant, j'avais mis un 7 à Mad Max 2 également. Je ne pense pas que le défaut du film soit son scénario. Les Mad Max ont toujours concentré leurs efforts sur l'esthétique et l'atmosphère post-apo du film, et préféré un approfondissement de l'univers plutôt que du scénario. Ici, certes, il ne s'agit que d'un trajet d'un point A à un point B, mais finalement, ce n'est pas important; j'ai un peu envie de dire qu'aller voir un Mad Max pour son scénario, c'est comme regarder The Tree of Life pour les scènes d'action. Une introduction rapide, à la Mad Max 2, qui résume les événements à ceux qui ont eu la flemme de se taper les trois films précédents, et c'est parti, l'action est lancée, les V8 commencent à rugir, et tu vas prendre du sable dans le cerveau pendant deux heures. Je disais tout à l'heure que Mad Max n'est pas un film sur l'automobilisme. Mad Max n'est même pas un film. C'est un spectacle.


Même lorsque Miller essaye de poser des bases pour un scénario plus construit, ce n'est pas si dérangeant: le dosage est plutôt bien réalisé, assez en tout cas pour qu'à aucun moment on ne ressente l'ennui. Je pense que deux heures d'action pures auraient nui à Mad Max; en calmant de temps en temps le jeu, Miller démontre une grande maîtrise de son film.


Mais il y a un "mais". Evidemment. Bien sûr, même. Je n'allais pas énumérer toutes les qualités du film sans en évoquer les défauts mineurs, mais qui ont quand même contribué à ce que je descende la note à 7 ou à 8. Je l'ai dit tout à l'heure, Miller fait preuve à travers ce film d'une certaine maturité, que ce soit dans la dimension féministe du film ou dans son esthétique. Et je comprends parfaitement qu'il ait voulu garder une touche '80, qu'on reconnaît notamment à travers l'affichage du titre au générique de début, mais elle transparaît bien trop dans certains dialogues, instaurant un contraste vertigineux entre la modernité de la photographie et cette touche presque kitsch. J'en veux pour exemple Max qui, alors qu'il est ligoté à une perche à l'avant d'un véhicule, crie "Ils m'ont volé mon coeur et ma voiture, que me voleront-ils de plus ?". Je me sens obligé de le donner en exemple, tant ça m'a choqué quand je l'ai entendu: qui dit ça ? Dans la vie, dans les films: une réplique si théâtrale ne passe pas, et a du même coup enlevé un charme certain au personnage de Max. Ce côté "trop" est assumé, et c'est tant mieux, mais son apposition avec la volonté moderne du film sonne parfois faux, et ça se ressent tout de suite dans un film à l'univers si vraisemblable. C'est un paradoxe qui aurait peut-être mérité d'être travaillé davantage, puisqu'un autre paradoxe, celui de l'univers si crédible et pourtant si excentrique et fou, est très bien mis en scène.


Miller accouche donc, avec son nouveau Mad Max: Fury Road, d'une oeuvre totale, couplant un kitsch, certes mal placé par moments, à un réalisme visuel particulièrement réussi et une modernité parfaite. On en veut pour preuve une mise à jour moderne de la saga, qui voit apparaître une teinte largement féministe pour la première fois. Une prise de position qui ne nuira jamais au rythme d'un film spectaculaire, autant dans l'action que dans la largeur de son univers et son esthétique.

Créée

le 20 mai 2015

Critique lue 348 fois

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Kevin Soma

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