Deuxième long-métrage de Lorene Scafaria après l'excellent "Jusqu'à ce que la fin du monde nous sépare", "Ma Mère et moi" est d'une qualité bien supérieure à ce que sa campagne marketing ou son titre laissent suggérer (et on vomit tous en choeur sur l'affiche !) car, non, le film n'est pas une énième comédie US reposant uniquement sur une relation parentale envahissante comme seul ressort humoristique.


En grande partie autobiographique (Rose Byrne est la version cinématographique de Scafaria) et donc emprunt d'intentions touchantes, le récit de "Ma Mère ou Moi" va davantage s'aventurer du côté de la mélancolie et de la profonde tristesse qui habitent son personnage principal. Bien sûr, le film est aussi très drôle mais l'humour utilisé n'est jamais là pour grossir le trait de la situation et sert surtout à mettre en exergue l'apparente fantaisie de Marnie, cette sexagénaire attendant, recherchant et redoutant le déclic qui lui permettra de faire enfin le deuil de son époux.
Alors qu'elle croyait avoir réussi le plus dur en traversant le pays pour se rapprocher de sa fille scénariste à Los Angeles, cette veuve new-yorkaise continue de multiplier les expériences palliatives au vide qui l'anime (elle s'investit à outrance dans le mariage d'une amie de sa fille, dans son soutien à un jeune vendeur rêvant d'une vie meilleure ou en tant que bénévole à l'hôpital), tout cela en dilapadant l'argent de son défunt mari comme si celui-ci était la preuve de son irréversible disparition et de son coeur à jamais brisé.
Les retrouvailles loin d'être réussies avec sa fille, elle-même sentimentalement perdue, seront néanmoins une des clés vers le début d'une possible guérison que le film va nous laisser entrevoir et auxquelles viendront se mêler sa rencontre avec un policier à la retraite (J. K. Simmons) loin d'être insensible à son charme et un retour inévitable vers sa vie d'avant à New York...


Il n'en reviendra alors qu'au spectateur de se laisser porter par une écriture explorant la personnalité complexe de Marnie dont la subtilité fait écho au jeu éblouissant de Susan Sarandon. Quasiment de chaque plan, la comédienne s'approprie le personnage comme sans doute aucune autre n'aurait pu le faire, de ses sourires que l'on sent cacher des plaies encore béantes aux séquences où, évanescente, elle trouve de la beauté dans l'anecdotique pour soigner sa mélancolie, elle est Marnie, parfaite maman de cinéma de Lorene Scafaria dont la caméra le lui rend divinement bien...


Une rencontre cinématographique entre la sincérité d'une réalisatrice-scénariste et une actrice parfaite pour nous le transmettre pour un film forcément attachant en somme.

RedArrow
7
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le 21 oct. 2017

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RedArrow

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