Ce documentaire rend hommage aux frères Lumière, qui, 100 ans auparavant, ont produit et breveté le cinématographe, un appareil cumulant les fonctions de caméra et de projecteur. C'est avec celui-ci que Louis, le plus jeune des deux frères, réalisa quelques-uns des films qui donnèrent naissance au cinéma, à savoir La Sortie De l'Usine Lumière À Lyon, L'Arroseur Arrosé ou encore L'Arrivée d'Un Train En Gare De La Ciotat.


Ce dernier, qui est celui qui a le plus marqué l'histoire, sert ici de référence pour le documentaire. D'une durée de 50 secondes seulement, il nous montre, comme son nom l'indique, un train arrivant en gare de la Ciotat. Mais afin de rendre plus impressionnante cette scène, Louis Lumière décida de filmer celle-ci le plus possible de face afin que le spectateur ait la sensation que le train se rapproche de lui... Et on peut dire que l'effet fut réussi, car convaincu qu'il s'agissait d'un vrai train, certains d'entre eux auraient plongé sous leurs fauteuils. Le but du cinéma était ainsi fixé : faire naître des émotions.


Mais revenons-en à Lumière Et Compagnie. Pour celui-ci, 40 réalisateurs de tous les continents ont accepté le défi consistant à réaliser avec le cinématographe original des frères Lumière, leur propre court métrage, et cela en respectant trois contraintes : leur film doit durer 52 secondes maximum, il ne doit pas y avoir de sons synchronisés (c'est-à-dire enregistré en même temps que la scène filmé), et seules trois prises sont autorisées.


À partir de là, on peut décomposer le documentaire en deux phases : les courts métrages en eux-mêmes, et les phases de documentaires à proprement dites qui s'insèrent entre chaque film.


Pour ce qui est des courts métrages, la qualité est certes un peu inégale, mais reste globalement bonne, les plus intéressants étant selon moi ceux de :



  • Patrice Leconte → Il fait le choix de filmer à nouveau la gare de La Ciotat 100 ans après, afin de pouvoir faire une comparaison. Il en ressort qu'il n'est pas question, cette fois, d'un simple train mais d'un TGV, et que celui-ci ne s'arrête pas en gare mais passe à toute vitesse.

  • Gabriel Axel → À l'aide d'un travelling horizontal, il film tout d'abord les différents arts que sont la sculpture, la musique, la peinture et la danse, pour aboutir au nouvel art qu'est le cinéma. La caméra se fixe alors sur des acteurs réalisant un duel au pistolet.

  • Idrissa Ouedraogo → Alors que des hommes pêchent sur de petits bateaux africains, un autre va se baigner... Mais vite il ressort de l'eau apeuré voyant un crocodile se diriger vers lui. Il s'aperçoit alors que ce n'est qu'une blague et qu'il s'agit en fait d'une personne ayant un masque de crocodile, chose qu'il prend assez mal. En retour, il tente de taper cette dernière avec un bâton.

  • Spike Lee → Il se contente de filmer un enfant dans sa poussette à qui il demande de dire papa. Simple me direz-vous, mais terriblement efficace.

  • Et bien sûr celui de David Lynch! → Même en moins d'une minute le réalisateur arrive à insuffler son style à une œuvre, ce qui est très fort. C'est clairement lui qui a été le plus ambitieux techniquement et scénaristiquement. Impressionnant!


Puis je ne cite que ces cinq là, mais bien d'autres valent le coup, comme ceux de Hugh Hudson, de Zhang Yimou, de John Boorman, de Michael Haneke, ou encore de Gaston Kaboré. Pas de véritable reproche à faire sur cet aspect du documentaire donc, si ce n'est quatre ou cinq courts métrages sans grands intérêts et peut-être le fait qu'une trop grande part des réalisateurs ait décidé d'insérer un tournage au sein de leur film.


De plus, la présence de quelques acteurs connus tels que Liam Neeson, Bruno Ganz, Antoine Duléry, Ticky Holgado, Zinedine Soualem, ou encore de celle de notre ancien Président de la République François Mitterrand, apporte un petit plus assez appréciable, même si cela reste évidemment assez anecdotique en-soi.


Là où ça se complique selon moi c'est pour la partie documentaire en elle-même qui n'est vraiment pas assez poussé!
J'aurais aimé avoir plus d'explications sur le travail des frères Lumières et sur le cinématographe par exemple... Je regrette aussi la qualité assez moyenne des questions posées aux réalisateurs, ou tout du moins leur manque total de variété [essentiellement trois : le cinéma est-il mortel? pourquoi filmez-vous? pourquoi avoir accepté de tourner avec la caméra des Lumière?] et le fait qu'elles nous soient balancées de manière un peu bordélique. Heureusement, les réponses sont dans l'ensemble assez intéressantes, bien que trop courtes, et globalement on arrive à ressentir l'envie des réalisateurs de s'amuser avec cette antiquité, d'expérimenter, et ça c'est cool!


Enfin, mon regret principal concerne les phases de making-of des différents courts métrages qui sont là encore trop brèves. Rares sont les fois où nous avons des explications concrètes sur la raison du choix du thème abordé par les réalisateurs, et à aucun moment il ne nous est expliqué comment tel ou tel effet a été réalisé, ce qui aurait pu être intéressant pour les films de David Lynch, de Kiju Yoshida, ou d'Alain Corneau par exemple.


Bref. Même si ce documentaire peut s'avérer assez pénible dans sa forme, il n'en est pas moins indispensable pour les amoureux du cinéma!


{Et pour ceux que cela intéressait, la totalité des courts métrages présents dans l’œuvre sont disponibles sur Youtube! Voici par exemple celui de David Lynch}

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le 7 mars 2019

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