Pakula est connu pour ses thrillers paranoïaques mais c'est oublier qu'il a commencé en produisant les romances de Robert Mulligan et qu'il a tout au long de sa carrière alterné entre films sentimentaux (Sterile Cuckoo, Starting Over, Rollover, See You in the Morning) et films de genre.
Love and Pain... est une proposition étrange, qui met en scène la rencontre de deux personnages solitaires et mal à l'aise en société, l'adulescent américain Walter, et la trentenaire anglaise Lila.
Walter est un garçon timide, asthmatique, un peu benêt, complexé par les attentes de son père, journaliste et auteur à succès, qui lui reproche de n'avoir toujours pas de plans pour son avenir et décide de l'envoyer dans un tour de l'Espagne à vélo en compagnie de jeunes bourgeois de son âge. Lila est une demoiselle de bonne famille qui a fuit les problèmes de son quotidien et s'est jointe à un voyage touristique de l'Espagne en bus. Mais elle n'ose adresser la parole à personne et se replie dans la lecture de livres d'histoire.
Incapables de se mêler aux membres de leurs groupes respectifs les deux personnages finissent par se rapprocher et commence alors une improbable amitié qui se transformera doucement en une innocente et désarmante histoire d'amour. C'est bien la qualité du film que de proposer des scènes de comédie douces amères au cours lesquelles la bizarrerie des personnages peut susciter l'amusement autant que l'attendrissement.
Soutenue par la superbe musique emphatique de Michael Small et les décors romantiques d'une Espagne médiévale de carte postale on se laisse emporter par les purs sentiments de ces deux âmes en manque d'affection.
La faiblesse du film provient de cette tonalité comique qui domine malgré tout le récit, et plusieurs scènes incongrues (à l'image de l'irruption grotesque d'un noble chevalier espagnol vers la fin du film) nous sortent du fragile équilibre de mélancolique loufoquerie maintenu jusque-là. La langueur générale du film, typique des 70's, passe également moins bien de nos jours, et l'on regrette que le film n'ose pas emmener ses personnages un peu plus loin, ailleurs qu'en Espagne peut-être, dans des lieux où nous aurions aimé voir leurs promesses amoureuses se confronter à ce qui est vraiment le "whole damn thing" de la vie de couple.

Naoo
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le 24 mai 2019

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