Avec ce premier film, Ryan Gosling rejoint la longue liste des acteurs passés à la réalisation. Liste qui se sépare en deux catégories : ceux qui ont réussi le passage derrière la caméra et ceux qui posent. Malheureusement pour lui, Gosling pose.


Il réalise un film d’enfant, comme celui que l’on peut voir dès les premières images du générique, courant dans l’herbe avec le désormais incontournable rayon de soleil dans l’objectif. Les filtres de couleurs (rouge, jaune, vert, violet…) s’enchaînent les uns les autres, plaqués au hasard des scènes, comme le ferait un bambin avec une grosse trousse de feutres et un cahier de coloriage. Il en va de même pour l’histoire, qui avance très fastidieusement et à laquelle on ne s’intéresse plus vraiment passé les vingt premières minutes. Car Gosling construit son film tel un cauchemar, sur fond de ville dévastée (filmé à Détroit) et on se dit qu’il faut donc se laisser transporter par cette noirceur féerique…


Le problème c’est que c’est impossible. Puisque le réalisateur en fait trop et se colle tout seul l’étiquette « film étrange et poétique ». Chaque scène pseudo-burlesque en devient alors rébarbative et presque gênante. D’autant qu’on découvre un Gosling fétichiste, doté d’une belle poignée de références cinématographiques auxquelles il emprunte à foison le style, la musique et les tics. A Nicholas Winding Refn, il emprunte la musique électrique, chargeant la quasi totalité de son film de synthétiseurs façon Drive. Au Giallo, il emprunte le gore et une de ses actrices fétiche : Barbara Steele. Il emprunte aussi largement à David Lynch pour l’ambiance générale et les personnages de fous, etc… Le film fini par crouler sous ces références extrêmement grossières, si bien qu’il paraît plus intéressant de les énumérer que de regarder ce qu’il se passe à l’image…


Reste une belle photographie « arty », somme toute très commune et un casting assez classieux : Barbara Steele donc (muette), le frenchy Reda Kateb en chauffeur de taxi sympa, Eva Mendes, Christiana Hendricks (prostituée de Drive), Ben Mendelsohn (The place beyond the Pines)…


Quand on peut se payer une distribution de la sorte, l’excuse du premier film ne tient pas et l’on se doit d’en faire quelque chose. Hélas, une fois le visionnage terminé, il ne reste rien de plus qu’une sensation de gâchis, malgré une bonne volonté et une passion touchante pour le cinéma de genre de la part de Ryan Gosling, que l’on espère revoir prochainement… Devant la caméra.


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Moltès
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le 7 mai 2015

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