A la recherche d’une nouvelle franchise devant l’essoufflement de Pirate des Caraïbes, Disney a décidé de déterrer les aventures d’un cowboy masqué apparu dans un feuilleton radiophonique du début des années 30 et créé par Fran Striker. Transposé à la télévision de 1949 à 1957 la série resta très peu connu en France mais devint un véritable phénomène de la culture pop-américaine. La série racontait les aventures de John Reid, un ex Texas Ranger devenu justicier et bien décidé à combattre les criminels selon ses propres règles en portant un masque lui garantissant l’anonymat. Ce « Lone Ranger » était accompagné dans ses aventures par Tonto, un Indien d’Amérique de la tribu des comanches ainsi que de son célèbre cheval blanc Silver.

Pour atteindre ses objectifs et éviter un autre fiasco comme John Carter, Disney s’est donné tous les moyens avec un budget proche de plus de 250 millions de dollars. Aux commandes, la même équipe que celle de Pirate des Caraïbes, à savoir Jerry Bruckheimer à la production, Gore Verbinski (Pirates des Caraïbes, Rango) à la réalisation et même Johnny Depp (qui doit avoir un contrat sacrément solide avec Disney) dans de le rôle de Tonto, l’amérindien, compagnon du Lone Ranger. Un choix qui reste donc quelque peu énigmatique pour un personnage à l’origine secondaire (Tonto étant un peu le Robin du Lone Ranger).

Malheureusement, cette si belle aventure a très rapidement connu l’enfer enchaînant problèmes de production à cause de la pluie, mauvaises critiques américaines et très mauvais résultats au box-office américain. Si mauvais, que le film risque d’avoir beaucoup de mal à rentrer dans ses frais. Mais que c’est-il donc passé pour en arriver là ? Tout remonte probablement à l’écriture.

Si l’histoire d’origine a librement été réinterprétée (notamment concernant la rencontre entre Reid et Tonto), les enjeux principaux restent les mêmes puisque suite à une embuscade, le Texas Ranger John Reid est laissé pour mort avec ses compagnons alors qu’ils tentaient de capturer le criminel Butch Cavendish et sa bande. Tonto l’amérindien, voyant en Reid un élu choisi par l’esprit du cheval blanc, va alors lui sauver la vie, enterrer ses camarades, rajouter une tombe au nom de Reid, le faisant ainsi passer pour mort et lui permettre de devenir The Lone Ranger, en portant un masque. Bien sûr, Disney oblige, un peu de drame familial et d’amour a été ajouté à tout cela, faisant le frère de Reid un des Texas Rangers assassiné et la femme de ce dernier (Rebecca Reid alias Ruth Wilson), un ancien coup de coeur de John.

A qui s’adresse Lone Ranger ?

Si Lone Ranger prétend être un traditionnel film familial de Disney accessible à tous les âges, comment justifier autant de violence ? En effet, le film traite du génocide des amérindiens, de la cruauté de la cavalerie et comporte plusieurs scènes de massacres ainsi que de cannibalisme avec le personnage de Butch Cavendish qui n’hésite pas à arracher et dévorer à mains nues un cœur humain. Lone Ranger laisse ainsi perplexe sur un grand nombre de points, ce qui est bien étrange pour un film qui démarre dans une exposition où une version plus âgée de Tonto raconte à un petit enfant ses aventures avec John Reid et comment ils ont dû être forcés à devenir des braqueurs de banque pour résoudre un complot.

Qui est le héros ?

Normalement, c’est l’ex-Texas Ranger John Reid qui est censé enfiler le masque et apprendre tout au long du film les responsabilités qui vont avec celui-ci. Or, bien qu’intitulé Lone Ranger, le film est bien davantage axé sur le personnage de Tonto qui occupe ainsi bien plus l’écran de part ses pitreries et ses réflexions sur l’homme blanc (Il faut avouer que Depp en fait parfois ici un peu trop). Une backstory tragique lui a même été ajoutée afin de développer davantage son personnage à l’écran. Le pauvre John alias Armie Hammer (The Social Network), qui fait pourtant de son mieux, est recalé au rôle d’homme de loi n’assumant pas de porter un masque jusqu’au dénouement et enfin devenir un héros. Pire encore, son image de grand héros chevauchant son fidèle Silver est constamment tournée au ridicule puisqu’à chaque fois que les scénaristes se décident enfin à faire allusion à la série du passé en donnant une réplique culte à Reid, Tonto vient le rabaisser et lui demander de plus jamais dire ça.

En bref, Lone Ranger, bien que riche de quelques scènes amusantes et d’impressionnantes cavalcades souffre d’un scénario totalement décousu où il est très difficile de comprendre où ont voulu en venir les scénaristes. De plus, les nombreuses longueurs et scènes prévisibles en font quelque chose de pénible à suivre durant ces 2h30 de film … En se refocalisant sur les fondamentaux, peut-être que Disney pourrait faire quelque chose de potable d’un Lone Ranger 2 bien que je doute que les studios donnent à Verbinski et son équipe une seconde chance.
MrAwesome
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le 12 juil. 2013

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