London
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London

Film de Hunter Richards (2005)

C'est à une soirée chez l'un de mes collègues que ce dernier m'a évoqué ce film que je ne connaissais pas du tout, et qu'il me conseillait. Le principe me plaisait, de ce que je me souvenais, il m'avait dit qu'il y a Jessica Biel dedans mais que le film a aussi d'autres qualités ; il repose surtout sur les dialogues entre Jason Statham et un autre homme, sniffant de la drogue dans une salle de bain au cours d'une soirée.

Je savais en gros de quoi il en retournait, mais sinon j'aurais vu une belle promesse rien que dans les premières minutes de London, qui établit rapidement le fait que la party a une place importante dans le film, et l'intrigue sur la relation amoureuse achevée que le personnage principal veut oublier grâce à l'alcool et la drogue.
Je savais néanmoins qu'il s'agissait d'un huis-clos, et que le film s'appuierait davantage sur les discussions entre hommes que la représentation de la soirée. J'ai retrouvé néanmoins avec amusement des éléments typiques de ce genre d'évènement : les tentatives de retenir une personne qui veut partir et qu'on a convaincu au début en disant "reste juste pour 1 verre !", et les pick-up lines plutôt nulles permises par l'alcool, auxquelles on a droit lors des quelques courts moments où l'on voit effectivement la soirée en se séparant des personnages principaux, eux reclus dans les toilettes où ils sniffent de la coke.
Le montage dynamique, et les plans qui viennent s’intercaler d’un coup sans vraiment respecter les règles des 30 ou 180°, imitent l’énergie des personnages sous l’effet de la drogue, les acteurs s’appliquant aussi à accélérer le flux de leurs paroles et à se frotter le nez de temps à autres.

La première chose trouvée par le réalisateur pour créer de l’intérêt alors qu’on se retrouve quand même avec deux types qui discutent dans les toilettes, c’est de mettre en valeur son casting féminin.
On peut admirer les boobs de Kelli Garner dans un soutif laissant pas mal de liberté à sa poitrine, sous un chemisier à moitié ouvert, tandis que son personnage fait pipi.
Un peu plus tard, on voit Jessica Biel essayer des habits dans la cabine d’un magasin. Pourquoi ça se passe ici plutôt qu’ailleurs, pourquoi est-ce qu’on voit l’actrice en sous-vêtements ? Il n’y a pas vraiment de raison. Pas plus que pour qu’une autre conversation plus tard se passe à côté d’un bain, avec Jessica portant simplement une serviette.
La plupart de ces scènes, et la majorité de celles où l’actrice est présente finalement, sont des flashbacks.
La découverte de ces retours à l’époque où Syd (Chris Evans) et London (Jessica Biel) sont encore en couple surprend, puisque le montage fait croire un instant que l’action du passé dans le premier flashback faisait suite à une action du présent, alors que les personnages changent soudainement d’un plan à l’autre. Le réalisateur s’amuse encore ensuite à créer des transitions du genre entre passé et présent, s’appuyant sur une action ou une réplique qui fait le pont entre les deux temporalités.

Comme pendant une bonne heure, Syd aux WC avec son dealer, Bateman (Statham), se défonce en n’osant pas aller voir son ex qui est présente à la fête dont il s’isole, il faut bien occuper le spectateur. La moitié du temps, le réalisateur/scénariste n’a rien trouvé de bien mieux que de meubler avec des anecdotes que balancent sans vraiment de raison les personnages. Et chacune de ces anecdotes est illustrée, afin qu’on puisse un moment échapper à l’espace de la salle de bain, encore une fois probablement de peur d’ennuyer le spectateur.
Que ce soit l’anecdote sur les lapins assassinés ou celle sur le jumeau poignardé, ce n’est pas vraiment intéressant car le personnage qui en fait mention reste très vague, ne sait plus dans quel pays s’est passé tel truc, … ce qui fait d’autant plus douter de la véracité de ce qui est évoqué. Est-ce que ce dont le scénariste nous parle est vrai ? Est-ce qu’on est censé y croire ou non ? Je ne sais pas.
Quand un des personnages dit qu’en France on peut coucher avec des filles de 15 ans, j’ai commencé à sérieusement douter. Je ne comprends même pas de quoi il parle : quand il dit vouloir coucher avec une fille de 17 ans, et que c’est ok tant que ce n’est pas illégal.
Est-ce que les personnages sont volontairement dans l’erreur ? Je sais pas, ça m’embrouille.
On nous parle aussi, sans vraiment de raison non plus, du fonctionnement d’un club SM.
London est trivial pour être trivial, c’est vulgaire gratuitement en souhaitant créer de l’intérêt. Les "fuck" sont anormalement nombreux dans les dialogues, et on se retrouve avec des répliques comme "I sweat like a fucking rapist".
Le plus WTF reste quand même cette anecdote où l’on a des scientifiques asiatiques qui parlent à du riz en lui disant "I love you rice" ou "I hate you rice".
Et on évoque cette anecdote dans un débat pour prouver que dieu existe.

Dieu est une des préoccupations du scénariste, il fait se poser pleins de questions à propos de lui à ses personnages, ce qui est bien étrange car l’auteur n’a vraiment rien à apporter si ce n’est ces anecdotes débiles évoquées ci-dessus.
Bizarrement, c’est Syd, le personnage le plus éclairé (je dis "bizarrement" car on dirait juste un junkie et on n’a pas d’attachement pour lui). Il est assez lucide pour comprendre que sa copine croit en dieu car cela fait partie de l’éducation de ses parents et qu’elle ne veut et ne peut donc pas remettre ça en question. London, elle, semble penser que le fait que des milliards de gens croient en dieu est une preuve qu’elle ne peut avoir tort ; elle ne se rend pas compte, tandis qu’elle critique l’envie d’avoir toujours raison de Syd, qu’on pourrait lui reprocher que son opinion ou celle de tous les autres chrétiens sur cette planète n’a pas plus de poids.
Enfin, alors que les deux personnages sont en plein dans un gros conflit, la question est réglée par un peu de baise ; c’est le n’importe quoi habituel…
Je me suis rendu compte assez tard que le film n’avait pas réussi à faire un enjeu important de cette histoire de rupture et de tentative de reconquête par Syd ; je m’en suis aperçu après la dispute susmentionnée en me disant que je ne voyais pas ce qui pouvait faire de London et Syd un bon couple, ni pourquoi le héros était si attaché à son ex, qui apparaît la moitié du temps comme une conne et une menteuse.
Et pourtant la première scène de dispute entre eux avait eu de l’intérêt pour moi, mais essentiellement grâce au jeu des acteurs, qui fait ressentir quelque chose.
Par la suite c’était pire, le film échoue complètement à faire ressentir le tiraillement du héros, ou celui de son dealer. Syd veut faire comprendre à quel point il souffre à son interlocuteur, et pour cela il… mentionne la taille de la bite du nouveau mec de London.


La fin est complètement nulle, tout est réglé à la va-vite et de façon totalement irréaliste.
Ce n’est pas une grande surprise, mais Syd reconquiert (en quelque sorte) London. Alors même qu’elle avait l’air de le détester, et qu’il était complètement camé et qu’elle n’aime pas ça du tout.
En vérité, rien que le fait que Syd ait une nouvelle chance avec son ex n’a aucun sens, c’est illusoire, mais comme trop souvent le film transforme le rêve d’un personnage, aussi nul soit-il, en réalité, et je trouve ça détestable.

Beaucoup évoquent les dialogues du film ; ils peuvent se montrer intéressants parfois, mais ce ne sont pas de bons dialogues.

Ce que je retiens de bien :
-Ouah, comment ils ont fait pour filmer les personnages devant un grand miroir reflétant l’image d’un autre grand miroir juste en face ?
-"Is that a bottle of cockblocker ?".
Fry3000
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le 31 juil. 2012

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Wykydtron IV

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