Après les aventures de Tintin et le film typique grand divertissement en moins d'un an, Spielberg réalise Lincoln, un film qui, bien que très différent des précédents, se révèlent très spielbergien. Avec Lincoln, le cinéaste a réussi à faire ce qu'il avait raté avec Amistad, un film bavard sur la politique et l'esclavage.
Lincoln n'est pas un biopic mais plutôt une réflexion profonde sur les choix politiques et un formidable hommage aux grands hommes américains, tous incarnés par un Lincoln très humain. Spielberg nous plonge au coeur de la longue réflexion du président pour arriver à obtenir les voix nécessaire au vote de l'abolition de l’esclavage à la chambre des représentant. C'est un magnifique portrait de la politique que Speilberg introduit par un rêve énigmatique, Lincoln seul sur un bateau par une nuit noir sous une mer déchaînée apercevant un point de l'horizon. Cet horizon, le treizième amendement, une des lois les plus importantes de l'histoire du pays, il ne le quittera jamais pour arriver à ses fins. Même s'il est l'homme le plus honnête et droit qui puisse exister, Lincoln usera de corruption pour parvenir à cet horizon. C'est en cela que le film de Spielberg est intéressant. C'est une leçon d'histoire passionnante qui met en scène des personnages bouleversants (Lincoln évidemment mais aussi Stevens, incarnée avec brio par Tommy Lee Jones, républicain radical plus qu'en avance sur son temps, en couple avec sa gouvernante noire).
Ce qui donne au film sa grandeur ce n'est pas que le scénario mais avant tout la mise en image. Daniel Day-Lewis ce n'est pas un acteur, c'est beaucoup plus que ça, c'est un génie. La mise en scène parfaite de Spielberg aidant, on est littéralement avec Lincoln tout au long de ce film. On n'est pas en train de regarder un cinéaste qui film un acteur, on est avec Abraham Lincoln, plus vrai que nature. Moi qui pensait que Joaquim Phoenix remporterai l'oscar, je me rend compte qu'il n'arrive pas à la cheville de Day-Lewis. Quant à Spielberg, il est lui bien parti pour remporter sa deuxième statuette.