"Face life as you find it - defiantly and unafraid. Waste no energy yearning for the moon. ...

...Crush out all sentiment."


Le Pre-Code dans toute sa splendeur, avec une Barbara Stanwyck toute jeune et franchement flamboyante qui évolue en pleine Prohibition de manière spectaculaire grâce à ses charmes. Déluge de séquences on ne peut plus explicites de la part de Liliane (le titre de la distribution française est un peu pâlichon, Baby Face avait quand même un autre pouvoir de suggestion), que ce soit dans le fortement suggéré des rapports sexuels ou dans l'exposition de certains atouts, notamment du côté des jambes et de la dentelles associées.


Liliane est vraiment très étonnant à plusieurs niveaux, et le premier d'entre eux est probablement les prémices de son ascension sociale : suite à l'explosion de la distillerie de son père qui l'exploitait allègrement, un client bienveillant la conseille quant à son avenir. Un cordonnier philosophe un peu anar qui l'incite à conquérir le monde entier, le propos est on ne peut plus explicite, et se permet même de citer Nietzsche : "A woman, young, beautiful, like you, can get anything she wants in the world. Because you have power over men! But you must use men! Not let them use you. You must be a master! Not a slave. Look, here, Nietzsche says, "All life, no matter how we idealize it, is nothing more nor less than exploitation." That's what I'm telling you! Exploit yourself! Go to some big city where you will find opportunities. Use men! Be strong! Defiant! Use men! To get the things you want." Un véritable coup de fouet qui lancera sa carrière mémorable.


De serveuse dans un bar miteux orné de clients rustres, elle fuit vers New York et se fera embaucher dans une banque tout en bas de l'établissement, autant socialement que géographiquement. Avec son arrivisme jusqu'au-boutiste et son absence de pudeur, elle parvient à gravir les échelons à une vitesse fulgurante, chaque homme étant perçu comme le marchepied vers l'étape suivante, un homme à séduire pour se propulser chaque fois un peu plus haut — et la mise en scène joue beaucoup là-dessus à l'aide de petites animations qui rendent comptent de l'ascension jusqu'en haut de la tour de la banque. On peut aussi s'amuser à étudier l'évolution de ses tenues, de plus en plus sophistiquées. D'un point de vue narratif, c'est la partie la plus faible du film qui se perd un peu dans un schéma de séduction très répétitif, mais délicieusement éloigné du code Hays si l'on excepte l'épilogue final moralisant et superflu. Dans l'ensemble le film est très provocateur également dans le côté inexorable du comportement de Lily, totalement justifié par rapport au comportement des hommes qui croisent sa route, exigeant de sa part des mécanismes de défense si ce n'est de survie.


Parmi les curiosités du film : John Wayne incroyablement peu à l'aise et pas du tout charismatique dans son rôle d'employé de bureau.


http://www.je-mattarde.com/index.php?post/Liliane-de-Alfred-E.-Green-1933

Morrinson
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le 15 févr. 2023

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Morrinson

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