Life Boat
Life Boat

Court-métrage de Lorraine Nicholson (2017)

La jeunesse se questionne, se blesse, se ment, se défie. Toutes les facettes de notre personnalité traversent un changement qui n’est pas sans souffrance. Grandir n’est pas aisé, sortir de l’adolescence et devenir adulte est perpétuel et nous ne cessons pas de commettre des erreurs. La confrontation envers nous-mêmes et les autres est la première étape et la plus dure.

Nos 6 personnages vont vivre le temps d’un workshop, l’ébranlement de leur quotidien et de leurs certitudes. Ce ne sont pas nos origines, notre nourriture préférée, notre apparence qui nous déterminent, mais nos sentiments.

Réunis dans un huis clos d’une salle de classe en temps réel, les futilités de présentations superficielles et de refus vont laisser place à la vérité. « Tell me who you are » énonce Stephen Dorff. Tomber pour se relever, alors je suis un survivant. « I’m a survivor » clame-t-il sans honte en brandissant son poignet droit défiguré d’une cicatrice.

A Life Boat. Juste un jeu. Sous les néons blancs et froids, 3 chaises au centre de la pièce représentent 3 survivants. Choisissez qui vous sauvez, le reste du groupe se noie.

Les masques tombent. Une étudiante jouée brillamment de retenue par Chloe Bridges est choisie pour son physique, puis traitée de pute parce qu’à son tour elle choisie son enseignant, tandis que la corpulence gênante d'une autre est automatiquement écartée dans la possibilité d'être élue. La représentation de la sexualité est au cœur de la société. La drogue, la grossophobie et le suicide inondent l’égoïsme qu’ils tardent à reconnaître.

Le respect de soi et l’honnêteté sont la lueur d’espoir de s’estimer être en colère et de se heurter au regard des autres. Se livrer quitte à tout perdre et effacer les limites de la morale, mais retrouver l’essence de ce que nous sommes : l’humanité.

A Life Boat. Juste un jeu. Les lumières éteintes, Stephen Dorff s’avance : « I want you do reflect on a much better it feels to be chosen or to be rejected ». Les échecs condamnent une vie qu’ils croient en conséquence sans valeurs. « I want you to fight for them ». Apprendre du passé et lutter pour ses convictions. Ne rien lâcher.

La séquence de fin est un climax magistral. « Tops (tattoo you) » des Rolling Stones sert de musique d'ambiance aux chaises musicales. Vif, animal, vice de tous les vices, Mick Jagger doit sa longévité à la persévérance. À l’arrêt, ces êtres de chair et de sang se battent littéralement avec cette envie viscérale de survivre !

Courage et rédemption. La peur paralyse et libère. « Every single day is a fight for our lives. Remember that. »

Survivre est une lutte de tous les jours ou dans le cas funeste, remonter la pente et s'extraire de la peur est un acte de bravoure majeur, savoir en tirer le meilleur pour se reconstruire.

"Searching in the darkness where is the second chance. A Life Boat."

Life Boat annonce le talent d'une jeune réalisatrice, Lorraine Nicholson (fille de Jack Nicholson). Elle recrute le trop sous-estimé, Stephen Dorff en leader, auparavant dirigé par Sofia Coppola, face à une bande de jeunes démunis contre l'adversité.

De ce troisième court-métrage, de moins de 20 min, surgit un puissant drame social.

Bonus :
-Court-métrage Life Boat + photos de tournage et courte introduction écrite (http://www.lorrainenicholson.com/lifeboat)
-Court-métrage On Killer Robots + photos de tournage et courte introduction écrite (http://www.lorrainenicholson.com/new-gallery) + page SC (https://www.senscritique.com/film/On_Killer_Robots/39708183)
-Biographie (http://www.lorrainenicholson.com/about)

Pauline-Sapis
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 27 juil. 2022

Critique lue 259 fois

6 j'aime

Pauline S.

Écrit par

Critique lue 259 fois

6

Du même critique

Showgirls
Pauline-Sapis
7

Show me your girls !

Une flamboyante jeune femme répondant au nom de Nomi Malone débarque sur les routes en destination de Las Vegas dans l'espoir de faire carrière en tant que danseuse. Au cours de son aventure, elle...

le 28 nov. 2016

42 j'aime

13

Dans ses yeux
Pauline-Sapis
9

Un film argentin égale les plus grands polars

En 1974 à Buenos Aires, Benjamin Esposito, agent fédéral, enquête sur le meurtre violent d'une jeune femme. 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman basé sur cette affaire classée en apparence,...

le 31 mai 2015

23 j'aime

5

Tel père, tel fils
Pauline-Sapis
9

Sélection officielle en compétition au festival de Cannes !

Ryoata, un architecte ambitieux et obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Soudainement, une nouvelle surgit. La maternité de...

le 31 mai 2015

21 j'aime

4