À La Zone, en septembre dernier [article daté de novembre 2015, NDR], le public liégeois a pu découvrir un produit cinématographique purement local, dans le cadre des fêtes de Wallifornie organisées par l’asbl D’une Certaine Gaieté. Il s’agissait ni plus ni moins d’un film d’action entièrement tourné à... Verviers ! À l’instar des westerns spaghetti, on peut dire, après visionnage,que le « film d’action boulet-frites » a été inventé
Le jeune cinéaste François Garsou a mis deux ans et demi pour mettre en place son projet. Pour quel résultat ? Ce qui est sûr, c’est que ce jeune réalisateur connaît ses classiques du film d’action américain sur le bout des doigts. L’histoire tient en deux lignes et ce n’est finalement pas cela qui peut retenir l’attention : un baron de la drogue tente d’éliminer un témoin gênant en faisant pression sur lui après avoir kidnappé son gamin. Parlons plutôt d’autres aspects du métrage : la structure du scénario, le type de personnages utilisés, les situations (scènes de bagarres, fusillades, jeunes filles en bikini au bord d’une piscine, ...), TOUT rappelle les péloches bourrines du pays de l’Oncle Sam. Par contre, dans la manière dont le film est traité, un incommensurable décalage survient à chaque séquence, pour ne pas dire à chaque plan. Le contenu estampillé yankee jure totalement avec la forme qui dégouline de belgitude. Les dialogues sont prononcés avec un accent belge à couper au couteau, agrémentés de jurons en wallon ! Les séquences en extérieur semblent dominées par une grisaille des plus maussades. Une discussion business entre deux gangsters dans une taverne autour d’une chope de bière donne une allure limite surréaliste à la chose. Tout comme lorsqu’un des personnages lit un article sur une poursuite dans les rues de Verviers dans La Dernière Heure... Bref, la recette pour que ces ingrédients d’origines éloignées se mélangent bien n’est pas aisée. Mais ici, la mayonnaise n’a pas du tout pris. La salle de projection s’est plutôt fendu la poire jusqu’à plus soif.
(article paru dans le journal satirique liégeois "Le Poiscaille", numéro de novembre-décembre 2015)