Ce genre de documentaires qui ne citent pas leurs sources, tant bibliographiques qu'iconographiques, m'énervent assez sérieusement, mais ont au moins le mérite de rendre rapidement compte aux spectateurs de la médiocrité méthodologique utilisée - et puis, il n'y a rien d'inattendu qu'un film, fait pour la télévision, méprise autant la documentation et la rigueur de l'exposé. N'attendez donc pas à en sortir informé ou documenté devant celui-ci.
En plus de l'absence de sources, on peut se questionner sur la pertinence des intervenants, qui sont - comme quasiment tous les documentaires de notre temps (j'espère que cette ère prendra vite fin) - qui sont, disais-je, filmés face à la caméra, et manifestement coupés au montage : procédé qui donne l'apparence que tous possèdent une pensée et un regard uniformes. Ainsi nous pouvons entendre un tel parler et développer une chose très intéressante (au hasard René Viénet - sa présence est d'ailleurs la seule raison qui m'a fait aller voir ce docu) pour se voir, finalement compléter au montage par d'autres crétins, ayant, sans doute, des idées toutes opposées (au hasard Nothomb). D'ailleurs pourquoi avoir invité Franz-Olivier Giesbert et Amélie Nothomb sur un documentaire à propos de Mao et du totalitarisme ?... On ne saura pas.
Bref, voilà un énième documentaire réalisé par le spectaculaire intégré, qui utilise le spectaculaire concentré (donc ici Mao) comme diversion pour maintenir sa propre domination. Les analyses politiques semblent réduites à une simple et bête diabolisation des totalitarismes, sans aucune autre explication que : "Certains sont naturellement attirés par le pouvoir et sont méchants." Pffff... aucun intérêt, aucun outil pour penser : beaucoup d'affirmations semblent n'être que des enfilades gratuites, puisque toutes les interventions sont coupées : l'occasion pour moi d'aller lire moi-même Simon Leys.
Sinon les images d'archives sont plutôt magnifiques : dommage qu'elles soient, pour la plupart, des enregistrements très malheureux : nulle envie d'esthétiser le malheur des gens... mais ce sera mon seul compliment fait à ce film. (Si l'on ne compte pas son sujet Simon Leys, homme respectable au demeurant, et René Viénet, qui fut - évidemment ! - négligé au montage.)