Lettre à Momo
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Lettre à Momo

Long-métrage d'animation de Hiroyuki Okiura (2010)

Trouve ci-joint une petite musique que tu m'as fait écouter et qui m'a bien plu.


Je sais que je n'écris pas très souvent, ce n'est pas de ma faute tu comprends ? Les lettres, c'est passé de mode, c'est plus très pratique. Moi depuis Msn et Skype, j'ai pas trop fait grimper la cote de la poste. C'est pas faute d'aimer écrire, hein ! Et c'est pas non plus parce que je pense pas aux gens, mais tu sais, j'écris comme un cochon... c'est vrai, hein !


Pourtant, si quelqu'un devait me faire reprendre la plume, ce serait toi. J'ai envie de t'écrire, j'ai envie de te dire toute la tendresse que tu m'inspire, toutes les larmes de bonheur et de tristesse mêlées que tu m'as fait verser hier soir. J'ai envie de remercier Hiroyuki Okiura qui s'est penchée pendant sept ans sur ta vie pour la rendre si belle, si touchante, si drôle... si terriblement vraie.
Et tu sais, au départ, c'était pas gagné ! Parce que j'ai eu un peu peur, au début.
Juste au début, hein !
Je trouvais l'animation un peu bizarre, un peu étrange dans les gestes, curieusement. Et même les visages, quand tu souriais ou pleurais, je trouvais ça différent. Et comme en France, on a souvent peur de la différence, tu sais, ben moi j'ai eu peur. Mais je me suis habitué, et je dois dire que j'en suis super content !! Parce que grâce à cette animation je pense que j'ai pu ressentir sans mots toute ta joie, toute ta tristesse.
Par ce visage qui se plisse, se tord, cette bouche qui s'ouvre et ces dents qui se serrent. Tu sais que c'est beau quand tu pleures. En tout cas moi j'ai pleuré avec toi, et j'en ai pas honte...


Tu sais, tu me rappelles des amis à moi, qui viennent de chez Ghibli. Comme eux, toi aussi tu es une enfant, une enfant de onze ans. Comme eux toi aussi tu vois des créatures surnaturelles. Mais tu as un quelque chose de différent, je crois que je te l'ai déjà dit.


C'est dur pour une enfant de onze ans de perdre son papa, surtout quand les derniers mots que tu lui as dit étaient teintés de colère et de ressentiment. Et alors que tu déménage à la campagne, quittant Tokyo pour aller dans l’île de Shio. Suivant ta maman dans dans le bateau qui vous transporte, tu tiens cette lettre de ton papa, inachevée, qui commence par "Momo he"... et dans le ciel pourtant si beau tombe trois gouttes de pluie qui rebondissent sur ton épaule.
C'est ta première rencontre avec ces trois Yōkai, trois cinglés complètement délurés, au physique si particulier. Tu t'en méfies au début, mais tu apprend à les aimer, ils sont tes gardiens, même si ils ne sont pas très efficaces.
Et qu'est ce qu'il sont drôles ! Que l'alchimie entre toi et eux est parfaite... la magie s'opère et on rit de leurs bêtises quand ton visage s'éclaire, on s'amuse comme des fous lorsque vous êtes poursuivis par les sangliers.


Et tu sais, c'est beau, comme la vie là bas a l'air préservée, dans ton île, l'environnement est coupé du monde, à peine relié aux autres îles de la mer de Seto. Les vieilles bâtisses recèlent de mystérieuses créatures, et les paysages sont tout simplement sublimes, profonds, si réels. Et l'ambiance du village, la maison de tes grands-parents, ça m'a rappelé mes vacances d'été à moi chez ma mamie. Tu vois, ça m'a fait chaud au cœur, je suis redevenu un petit garçon pour un moment.


La perte d'un proche c'est toujours dur, déchirant. Mais tu l'affrontes de si belle manière que moi tu m'inspires. Tu sais, au départ je pensais que c'était juste drôle et inexplicablement, à un moment, tu prends un ton si sérieux, si triste, que j'ai eu mal pour toi. Mais c'est pas grave, parce que je pense que ça va aller après, c'est comme tout, on est humain, avec l'aide des autres on arrête de se renfermer sur soi et on continue. Tu m'as fait tout chaud au cœur, et maintenant il faut que je revienne à la réalité. Tu sais, c'est dur, parce que pendant deux heures j'ai été comme le temps d'un été, tu m'as fait me sentir proche de toi comme peu de gens savent le faire. J'aimerais qu'il y en ai plus, des personnes comme toi, on aurait bien moins de problèmes que maintenant chez nous.


Je te fais de grosses bises, et j'espère revenir te voir bientôt.


Signé Petitbarbu.

Petitbarbu
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le 9 mai 2015

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