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Décidément, je crois que je n'arriverai jamais à m'y faire totalement à Marcello.
La seule fois où je l'ai trouvé sympa, c'était dans "Leo the last", parce que pour le coup il était parfaitement casté pour ce rôle de type lisse bloqué dans son univers de bourges tarés, et cherchant à s'évader (Edit : et la Dolce Vita où il est absolument génial dans un rôle complexe qui évolue tout au long du film). Avec l'âge, je pensais qu'il prenait de l'épaisseur, mais en fait j'ai la sale impression que physiquement, il prend cher en se christian clavierisant..

C'est aussi ma première incursion dans le cinéma de Mikhalkov, et je dois avouer avoir un peu souffert.
Non seulement Mastroianni cabotine comme jamais (et son prix d'interprétation à Cannes ne change rien pour moi, surtout quand on voit qu'il peut être attribué à Béjo pour sa prestation lamentable et grotesque dans "Le Passé"), mais tous les acteurs, surjouent dans des scènes se voulant probablement drôles mais justes chiantes.. (je pense à cette scène où Marcello fait semblant de mesurer des tapis pour cacher à ses congénères le fait qu'il s'engueule avec sa femme, ahaahaha qu'est-ce qu'on se marre, ça doit être l'humour russe ça...)

On a de l'humour burlesque russe donc, avec des séquences sketchs répétitives et juste pas drôles à base de "DA DA DADA J'ai caché mes mains pour faire croire que je n'en ai pas et pour ne pas signer le papier de Marcello"...

Ah... dit comme ça, vous devez ne rien comprendre au film, si vous ne l'avez pas vu.
L'histoire est toute simple et potentiellement sympathique, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un joli film totalement romantique.
Ca commence très bien sur un bateau qui vogue vers l'Italie, où se rencontrent un gros russe bon vivant, et tout en moustache, et Marcello, on ne comprend pas bien ce qu'ils se racontent, mais pour le coup les types sont franchement assez hilarants.

Le problème c'est que ça ne dure que 5 minutes, et ça y est on tombe dans les limbes de l'ennui, Marcello décide de lui raconter sa vie amoureuse : comment ça ne marche pas avec son épouse et sa famille bourgeoise (avec son lot de personnages totalement inexploités, dont celui de Marthe Keller), comment il a sombré dans la dépression et s'est réfugié dans une cure rappelant en beaucoup moins bien le cadre de "Huit et demi", et comment il est tombé amoureux d'une russe un peu naïve ou attardée (mais très charmante) à qui il ne raconte que des sornettes, mais auxquelles elle croit.

Donc Marcello raconte plein de salades pas drôles et réussit à charmer la donzelle, qui prise de panique devant l'amour, décide de faire les voiles.
Et donc il s'agira pour Marcello de réussir à la retrouver au fin fond des steppes russes, notamment en arnaquant les officiels en leur faisant croire qu'il a le projet de créer une maxi usine de verre, pour pouvoir obtenir des autorisations pour se déplacer sur le territoire, même s'ils sont un peu réticents (d'où la blague sur l'officier qui cache ses mains pour ne pas signer le papier DA DA DA DA), ce qui à l'époque du film semblait être compliqué lorsque l'on est étranger.

Bon, déjà ce que je n'aime pas, en plus du fait que le film ne propose pas une histoire franchement palpitante, c'est que la facture est hyper classique et académique, les allers/retours passé raconté/présent sont juste absolument abominables dans leur montage, les effets de transition ne sont ni élégants ni créatifs, on change de dimension de façon grossière et brutale, sans aucune finesse. (et là je repense au sublime "Mahler" de Ken Russell, où comment réussir des flash back un tant soit peu classieux et intelligemment disposés).

Bref, je ne nierai pas que le film a un petit charme, que l'histoire d'amour entre Marcello et la russe est un peu touchante, mais bordel que c'est chiant, que c'est long (les 1h45 semblent en durer 3), à tel point que je ne compte plus les séquences interminables de carrioles roulant dans les steppes russes, avec une photo pas si exceptionnelle que ça, ni même les discours interminables de certains personnages qui ne mènent à rien, et qui m'ont profondément fait chier, ni les tentatives de suspense qui tombent toujours à l'eau (va-t-il la retrouver???), ni même le dénouement du film tellement prévisible dont je n'imaginais pas qu'ils oseraient sérieusement plonger dedans. Et ça ne m'a clairement pas donné envie de lire du Tchekov...

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le 6 juil. 2013

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KingRabbit

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