Longtemps interdit à cause " d'une panoplie complète de moments de sadisme, de cruauté, d'érotisme voire de nécrophilie qui ne sont tempérés ni par la moindre poésie, ni par l'humour" dixit la censure de l'époque, Les Week-ends Maléfiques du Comte Zaroff connaitra toutefois une exploitation en VHS au début des années 80 sous le titre de Sept Femmes pour un Sadique. C'est une nouvelle fois l'éditeur Le Chat qui Fume qui nous permet de redécouvrir ce film oublié et perdu de Michel Lemoine dans une copie magnifique et avec une floppée de bonus passionnants dont un très attachant documentaires sur les cinémas de quartiers. Les Week-ends Maléfiques du Comte Zaroff est un film de genre unique dans la filmographie de ce réalisateur et acteur qui se consacrera ensuite uniquement au cinéma pornographique. Si le film a parfois les attraits d'un magnifiques nanar lors de quelques scènes assez drôles il serait toutefois injuste de complétement le ranger dans cette catégorie. Quelque part ailleurs entre Jess Franco et Jean Rollin , Michel Lemoine signe un film parfois magnifiquement raté mais qui est loin d'être à rejeter d'un bloc.


Les Week-ends Maléfiques du Comte Zaroff est un film singulier et difficile à résumer tant son récit se perd parfois en court de route . On suit principalement un homme d'affaire qui est l'un des derniers descendant du célèbre comte Zaroff. Alors qu'il se retire dans son immense château à la campagne qu'il partage avec son serviteur et son chien , l'homme doit lutter entre des pulsions morbides et sadiques hérités de ses ancêtres et un amour impossible avec une figure fantomatique qui hante les environs de sa propriété.


Une des grosse ambivalence et interrogation du film sujette à divers interprétations est donc de savoir quelle est la part du vrai et du faux, du réel et du fantasme dans les différents agissement de ce chatelain. La question des pulsions de vies et de mort, d'équilibre mental sont au cœur du long métrage et l'on peut tout à fait voir le film en analysant une bonne partie de ce qui se passe à l'écran comme échappé de l'esprit de son héros. Une interprétation qui renforce l'aspect décalé, surréaliste et étrange du film comme si tout provenait d'un long rêve éveillé. Les week-ends maléfiques du comte Zaroff n'est certes pas un grand film mais il a le mérite de proposer un univers visuel très réussi avec une photographie vaporeuse et naturaliste comme baignant dans les brumes mentales de son personnage principale. Il faut aussi saluer les très bonne bande originale de Guy Bonnet entre sonorités expérimentales et rock progressif qui accompagne à merveille les images du film. Si il propose un univers étrange aux pulsions sadiques le film flirte bien plus du côté de l'érotisme et l'ésotérisme poétique à la Jean Rollin que vers l'horreur graphique pure et dure. Difficile aujourd'hui de comprendre la censure de l'époque même si la première copie du film semblait être bien plus longue au départ. Pour trouver une scène choc il faudra donc chercher dans les scènes coupées que l'on retrouve en bonus du Blu-ray avec un meurtre assez glauque à coup de tournevis planté dans l'intimité d'une malheureuse.


Dans ce qu'il raconte et même si le film semble avoir pas mal été charcuté au montage il est difficile de trouver une vraie cohérence et les séquences s'enchainent parfois de manière assez gratuite comme autant d'introduction à une scène de sexe dans un film pornographique. Un auto stoppeuse sans bagage ramassée sur la route qui accepte illico de dormir chez un inconnu, une apprentie secrétaire qui accepte comme période d'essais un week-end privé pour un soit disant inventaire de biens, des filles qui adorent danser nues et un couple en panne pas très prudent prêt à accepter l'hospitalité dans un lugubre château. Forcément on a souvent la sensation que tout arrive un peu à la va comme je te pousse pour introduire à chaque fois une nouvelle séquence érotico-fantastique. Le film de Michel Lemoine nous offre quelques moments délicieusement ridicule comme l'attaque d'un chien bien plus léchant que méchant sur une jeune femme , on voit clairement que l'actrice se retrouve obligée de tirer désespérément sur le collier du chien pour l'attirer vers elle et donner l'illusion qu'il a envie de la bouloter, mais avec des grognements en post production l'illusion est presque parfaite. Mais Les week-ends maléfiques du comte Zaroff bascule définitivement dans le nanar avec l'arrivée du couple Francis et Muriel qui nous offre un moment tellement culte que j'ai du mal à croire qu'il n'est pas été pensé comme un élément de comédie. Cette blonde plus qu'ingénue qui adore danser les miches à l'air et son mari moustachu nous offre quand même un moment de pur délice qui se termine par une mort tellement stupide et idiote qu'elle est à pleurer de rire.


Au bout du comte Zaroff j'ai la même sensation que lorsque je regarde un bon vieux film de Jean Rollin ; c'est à la fois mauvais et parfois un peu ridicule mais en même temps c'est bourré d'un charme étrange et poétique qui m'empêche de mettre le film dans la case des nanars pur jus. Encore une fois merci Le Chat qui Fume de continuer d'exhumer ces petites pépites sulfureuses du cinéma de genre hexagonale et si à l'avenir ils veulent éditer Litan , Le Démon Dans L'île , Demain les Mômes, Attention les Enfants Regardent, Mais ne Nous Délivrez pas du Mal ou Mort un Dimanche de Pluie j'ai encore de la place sur mes étagères.

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le 11 juil. 2021

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