Avec Les Visiteurs : Les Couloirs du temps, Jean-Marie Poiré démontrait, non sans manque de maîtrise, que le talent ne dure qu'un temps. Aux côtés de ses compères Reno et Clavier ( avec lequel il écrit presque tous ses scénarios ), il nous livrait une oeuvre répétitive et complètement calquée sur le film d'origine.


Et parallèlement, les américains comprenant que cette duologie avait eu son succès en salles françaises, une idée abominable germa : plutôt que de s'emmerder à faire un doublage qui sera de toute façon raté ( faut voir la gueule du doublage du Diner de cons ), autant faire un remake, mais un remake particulier.


Tu prends le trio de base, t'y ajoute des acteurs américains particulièrement célèbres et talentueux ( Christina Applegate, Matt Ross; z'avez aucune idée de qui c'est? Moi non plus ), une femme très charismatique ( Tara Reid... ) et une légende ayant tourné dans beaucoup de chef-d'oeuvres ( Malcolm McDowell en perdition ), et t'aura un grand film. Vraiment?


Non. Le film est hideux. Pas pire que Les Visiteurs 3, mais c'en est proche. C'est un peu le fond du fond des chiottes, la risée des étrons, le moins comique des remakes américains de comédies françaises. Quoi que je m'avance un peu trop, là. Un Indien à New York était fort, dans le genre. Faible de ses acteurs à gerber et de son trio de comiques bien lourdauds, cette réadaptation du film culte de Poiré tombe dans le manque d'humour le plus complet.


Alors que le premier cherchait plus la finesse que l'humour lourdingue ( oui oui, j'affirme ), celui-ci se vautre dans les pets, les rots et les "Ah ! tu veux pisser?" particulièrement hilarants. Hilarants intérieurement, hilarants de crainte d'en pleurer d'ennui. C'est long, chiant, désastreux; aucun gag ne fait rire, rien n'est amusant. C'est répétitif, ça reprend mollement les gags des originaux ( le peu de gags originaux du second, en fait ) pour les balancer au hasard, à la va-comme-je-te-pousse.


Là est la preuve que Poiré n'a que très peu de talent; entre une mise en scène qui abandonne complètement ses effets de style, qui délaisse ses seules caractéristiques un tant soit peu originales, et des abus de CGI dégueulasses ( normal, c'est américain ), le rendu est franchement navrant. Foutre un dragon ( mal fait, qui plus est ) dans Les Visiteurs, Les Visiteurs, LES VISITEURS, c'est du genre incroyable.


Non parce qu'il faut le comprendre : Les Visiteurs, c'est une comédie française faîte avec trois sous, ça demandait pas de tels moyens ( qui rendent mal, d'ailleurs ). Quand on va voir Les Visiteurs, on n'en a rien à carrer de tomber sur un Dragon ( mal fait, je répète ) et des fruits à forme humaine. Nous, ce qu'on veut, c'est rire, et là, on ne rit pas.


Jamais. Parce qu'il faut voir la gueule que se paient nos deux acteurs françois. Entre un Reno désabusé au jeu exécrable et ce Clavier qu'en perd ses touches, arborant un jeu immonde ainsi qu'une coiffure de métalleux des années 80 (version roumain), ça fait clairement pitié; cela venant s'ajouter au fait que le film étant américain, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Plus de pruneau sur la gueule, plus de dents sales. Nos deux voyageurs dans le temps sont propres comme pas possible. A Hollywood, ça marque mal d'être sale.


On notera également l'ironie de voir un McDowell si loin de son Orange Mécanique; jouant dans la saga inspirée de son propre C'était demain, c'est un peu la boucle qui se referme. Une boucle qui ne se referme pas normalement, d'ailleurs; non, elle s'embourbe sur elle-même, se perd dans un noeud d'où nul n'échappe. Le noeud des talents gâchés.


Et comme si cela n'était pas suffisant, Poiré crache sur son pays d'origine pour mieux conquérir le public américain ( qu'il doit penser stupide, vu ce qu'il leur file à bouffer ), à grands coups de "Excusez le, il est français", ou d'André le Patté ( parce que c'est drôle et que notre culture se résume au patté ). Je t'en foutrais, du patté.


Un nom français qu'il semble ne pas assumer, puisqu'il s'est renommé Jean-Marie Gaubert; il est vrai qu'entre Poiré et Patté, il n'y a qu'un pas. C'est l'arroseur arrosé, le traitre trahi ( traitre à sa franchise ), le chat qui se mord la queue. Alors, je me sens un peu comme une pomme qui se fend la poire... Malgré cela, une certitude demeure : pour une adaptation américaine d'un grand film français, on peut clairement certifier qu'elle est Malfète.


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FloBerne

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