Dumas beaucoup plu

Presque un an après mon premier Niblo, "Ben-Hur", alors que je commençais à peine à m'en remettre, je découvre un deuxième film de ce pionnier du cinéma (plus ou moins complètement tombé dans l'oubli, mais plus pour longtemps ! / Indiquons, pour la postérité, que ma note fut la troisième), une adaptation de ce qui est certainement un des plus grands romans de la littérature française - et je deviens cramoisi quand je me rappelle que je ne l'ai toujours pas lu - : "Les trois mousquetaires".

Eh bien, Fred Niblo, t'étais un bon ! Deuxième grosse révélation en deux films. Chef d’œuvre du film de cape et d'épée, un des tous premiers au fait, qui j'en suis sûr à influencé nombre de ses successeurs, en particulier une des autres adaptations des "Trois mousquetaires" que j'ai vue, celle de Sidney (la deuxième meilleure). Comme je vous l'ai déjà éhontément avoué, j'ai l'outrecuidance de ne pas encore avoir lu le bouquin, mais j'ai comme l'intuition qu'en plus la version de Niblo est proche de Dumas.

Écoutez, tout est délicieux, on ne s'ennuie pas l'ombre d'une seconde en presque deux heures, il y a du rythme, c'est bien filmé (moins spectaculaire techniquement que "Ben-Hur" mais c'était trois ans avant), les acteurs sont chouettes, les combats particulièrement réussis, et en plus c'est drôle (mes deux cartons préférés : "Pardonnez-moi, madame, mais je dois tuer votre ami" et : "Permettez-moi de vous faire remarquer, monsieur, que d'un certain point de vue, vous êtes absolument parfait. Vous êtes l'idiot le plus parfait que j'ai jamais rencontré").

A propos des acteurs. C'est mon premier Douglas Fairbanks. Ça faisait longtemps que j'entendais parler de lui, superstar du muet, producteur, mais pour tout dire, j'étais plutôt dans l'appréhension. Eh bien pour l'instant j'en ai une opinion fort favorable ! Absolument délicieux en D'Artagnan : naturel, gracieux, drôle et balaise : faut voir les cascades ! (Il y en a d'ailleurs une qui est restée comme une des grandes cascades du muet, celle où il fait une sorte de salto avant pour choper une épée plantée dans un cadavre !) Et, vous me direz mais moi je lui trouve un petit quelque chose à la Chaplin dans ce film.

Parmi le reste du casting, signalons un Eugene Pallette méconnaissable en Aramis, un George Siegman en Porthos qui se fait merveilleusement fesser à coups d'épée, et un Nigel de Brulier en Richelieu qui frotte les accoudoirs comme personne !

Je ne compte plus les scènes délicieuses (ça fait plusieurs fois que j'utilise cet adjectif, non ? Il correspond tellement bien...), citons seulement celle du repas avec les moines. Ajoutez à cela plusieurs chatons très mignons et avec ça je ne sais plus comment je peux me satisfaire d'un pauvre petit 8. Bon, je n'utilise plus la recommandation mais donc je vous le recommande, et si chaudement que vous devriez faire attention, votre écran risque de fondre !

Ce film me donne envie de faire plein de choses : boire du vin rouge servi dans une cruche en grès, voir tous les Niblo, manger du pain de campagne (oui, c'est curieux...), voir tous les Fairbanks, et surtout, surtout : me prendre enfin en main et lire le bouquin !