Lords of Dogtown est tout simplement la version scénarisée du documentaire de Stacy Peralta Dogtown and Z-Boys. Donc forcément raconter l’histoire des Zephyrs, de leurs premiers moments de surf dans « la crique » jusqu’à leurs retrouvailles dans le Dogbowl bien des années plus tard en gardant une certaine lisibilité, c’était risqué.
Pourtant la réalisatrice de Twilight et du Chaperon rouge ne s’en sort pas trop mal. Visiblement intéressée par le sujet et aidé par Stacy Peralta himself pour le scénario, Catherine Hardwicke réussit à raconter assez fidèlement l’histoire des Z-Boys (en changeant quelques trucs pour servir le scénario bien sûr).


Le casting est vraiment bon, les incarnations des personnages sont physiquement assez ressemblante, surtout celle de Tony Alva. On a également quelques caméos sympas comme l’apparition de quelques membres de la team originelle (Muir, Biniak, Alva, Peralta et même Jay Adams) ainsi que Tony Hawk.


Alors qu’est ce qui ne va pas et qui justifierai ma note ? Tout simplement la superficialité de la manière dont sont traités les enjeux. Malgré les efforts faits pour ne pas tomber dans les clichés dont on a l’habitude lorsqu’on parle de sport de glisse, Hardwicke ne peut s’empêcher de traiter ça de façon bien trop adolescente. Si la réussite sociale et financière d’Alva et Peralta passe encore, la descente aux enfers de Jay Adams est anecdotique et parfois même ridicule. Pour un film qui se veut un peu plus intelligents que les daubes habituelles qui traitent de ce milieu, voir Jay passer du côté obscure en se rasant la tête et casser une vitre de voiture en gueulant « YEAHHH », on se dit qu’il y a quand même mieux à faire pour représenter des problèmes de drogue et de délinquance…


Et c’est là le principal problème du film, il n’emballe absolument jamais lorsqu’il s’agit de parler de problèmes et gère très mal les tourmentes des personnages. Et puis le film aurait dû aborder une partie de la vie des Z-Boys, parce que faire un film d’un peu plus d’1h30 sur toute l’histoire c’est quand même difficile d’obtenir quelque chose de fluide au final. Le métrage est haché, les ellipses sont parfois assez violentes et les évènements phares sont du coup expédiés et un peu superficiels : le surf, le premier concours à Del Mar, les championnats et surtout le Dogbowl à l’été 1977 qui marque les retrouvailles mais aussi la conclusion de l’ère Zephyr ; et pas seulement un après-midi tranquille à faire du skate dans une piscine.


Parler des Z-Boys n’est pas quelque chose de très compliqué en soi. Le problème ici c’est que Catherine Hardwicke a repris le documentaire de Stacy Peralta sorti en 2001 et en a fait un film. Il aurait été plus sage et plus intéressant de s’attarder sur des périodes clés de leur histoire, le résultat aurait été bien meilleur et le film aurait eu une véritable identité. Néanmoins le métrage n’est pas mauvais, les scènes de surf/skate sont crédibles et vraiment bien filmées. Cependant si vous souhaitez connaître l’histoire de ces gars, penchez-vous plutôt sur l’excellent documentaire Dogtown and Z-Boys.

Redango
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le 13 juin 2016

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