La belgitude a la cote, devient bankable. Miser sur l’équidé blanc-bleu-belge semble devenu un pari incontournable pour les producteurs. Le relever avec un récit qui affiche le sport national comme toile de fond assure le carton. Pas le rouge, mais le vert affublé du sigle de la monnaie européenne. Le ramage du film de Mariage égale-t-il son plumage doré ?

Si l’on s’en tenait à son coup d’envoi, on qualifierait Les rayures du zèbre de nauséabond. Sa tête d’affiche, Poelevoorde, déblatère une logorrhée de répliques vulgoss dans un flux d’accent caricatural. Ça fleure la frite à plein nez. Le spectateur, écœuré, soupçonne ses yeux d´avoir la berlue, croyant visionner Dikkenek au Congo.

Flottante, l’île perdue des intentions de l’œuvre rechigne à se laisser accoster. Le marathon débute par une comédie longeant le précipice du racisme. Les arbitres indulgents seront récompensés de leur patience. Les vannes graveleuses du sélectionneur carolo, venu chasser le gibier footballistique sous le soleil africain, structurent en définitive l’installation de son personnage.

Au moment où l’on s’apprête à siffler le hors-jeu, on se découvre feinté par un petit pont de Mariage. Le cinéaste lobe le mauvais goût en présentant un portrait matrimonial des liens Afrique-Europe en 2e mi-temps. La critique de l’éthique des tréfonds du ballon rond reste sur le banc. Pas assez drastique, le propos manque la lucarne et la satire demeure timide, superficielle.

La satisfaction se cherchera ailleurs car, sous une couche ethnocentriste, le spectateur déniche de la tendresse. Des borborygmes marécageux initiaux émergent une humble leçon de vie. Quelques valeurs humaines salvatrices créent un maladroit hommage à nos connexions avec le football africain.

Ce match-retour de l’excellent Cowboy (du même duo acteur-réalisateur) déçoit indéniablement. Mais il évite la cuisante défaite pour se contenter du nul. Balle au centre, au spectateur de juger.

Boris Krywicki pour Le Poiscaille, février 2014
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le 23 janv. 2015

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