Y'a pas plus con qu'un blanc qui se prend pour un noir ...

Agréable surprise que ce film dont, au départ, je me méfiais, vu la collection de navets enchainés par Poelvoorde depuis les Portes de la Gloire (ça date quand même).
Le mirage européen y est décrit avec beaucoup de réalisme, dans sa dureté cynique.
Poelvoorde, en néo colon recruteur de jeunes espoirs africains est parfait, car il incarne son personnage dans toute sa profondeur, torturé entre la nécessité de faire tourner son business, et ses états d'âme.
Car c'est un amoureux de l'Afrique, finalement, et ce recruteur de bas étage est finalement un africain d'adoption, qui résiste comme il peut, entre cynisme et mauvaise conscience, et se révèle à lui même bien au delà de sa Belgique natale, dans sa Côte d'Ivoire d'adoption.
J'ai bien aimé la dichotomie entre ces joueurs africains qui ne rêvent que d'Europe, et ce belge pur jus qui, finalement, ne rêve que d'Afrique.
Il pense comme un africain, on peut trouver ça violent, mais c'est la réalité.
Ayant vécu en Guyane, j'ai vite compris que les rapports humains étaient beaucoup plus durs qu'en métropole, et qu'il fallait savoir se protéger, à sa façon, des multiples pièges, notamment féminins, en adoptant les codes culturels locaux.
C'est malheureux à dire, mais comme en Afrique, les brésiliennes, dominicaines, guyaniennes et surinamaises en veulent plus souvent à ta nationalité et à ton porte monnaie qu'a ta personne seule ... et gare à ceux qui se prennent dans le piège, beaucoup finissent ruinés.
Il n'y a qu'en pensant comme les gens du cru que tu peux t'adapter et vivre sainement, le passage est dur, mais nécessaire, et c'est la clé d'une vie réussie, là bas, loin, loin des valeurs et des comportements sociaux métropolitains.
Et puis, au bout d'un moment, au fil des années, tu deviens guyanais, tu penses guyanais, tu vis guyanais, tu manges guyanais, tu aimes guyanais, et chaque retour dans ta contrée natale est comme un déracinement, et tu n'as envie que d'une seule chose, repartir ! Vite !
Ce film est très bien senti, très vrai, attachant, dur et fort à la fois.
Un bon moment de cinéma.
"L'éthique, c'est bon quand l'assiette est pleine, quand elle est vide, tu te la mets au cul, l'éthique".

Eklektik
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le 20 juin 2014

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