Sous couvert d’une vérité historique reconstituée et d’un discours aussi légitime qu’univoque et démagogue sur le racisme, Jimmy Laporal-Trésor nous pond un film vintage avec forces accessoires d’antan, langage plus ou moins de l’époque et autres coupes rétro – le tout parfois anachronique, mais passons. Le rythme très inégal, le mauvais montage, les dialogues globalement mal écrits, la mauvaise direction d’acteurs, le manichéisme des personnages par ailleurs hautement stéréotypés (des deux côtés), le parti pris et le manque de nuance (certes le sujet ne s’y prête guère mais il fallait y penser avant) nuisent fatalement au premier long-métrage du cinéaste parisien-antillais.
Dès les premières minutes où le film se cherche et erre mollement sans savoir vers où se diriger, on sent qu’on a affaire au film raté d’un bleu. Il faut dire que le réalisateur à l’humble filmographie ne s’était jusqu’à alors essayé seul – cela dit, avec succès semble-t-il - qu’au courts-métrages – ce qui est très palpable tant il ne parvient pas à tenir dans la durée, en gardant cohérence, souffle et vitalité. Ce n’est vraiment que dans le dernier tiers que le film prend de l’ampleur et suscite de l’intérêt – le reste n’étant qu’une manière maladroite de meubler en attendant le dénouement.
Cinéaste n’est pas un métier facile – peu sont les élus à atteindre un niveau satisfaisant. Créativité, inventivité, capacité à se renouveler et à sortir de soi, capacité à s’inscrire dans la durée, art des dialogues, pouvoir créer des personnages jouissant d’une profondeur et d’une complexité psychologique, etc sont des atouts qui manquent vraisemblablement à notre cinéaste. On lui souhaite de trouver sa voie.