• Ces gens-là sont morts pour défendre une cause.

  • La révolution ? Quand la guerre sera terminée et les morts enterrés, et que les politiciens reviendront en surface, tout ça, ça se résumera à une seule chose : une cause perdue.

  • Tu voudrais la perfection ou rien du tout. Tu es trop romanesque compadre. La révolution c'est comme une belle histoire d'amour. Les premiers temps c'est une déesse, une cause sacrée. Mais toutes les histoires d'amour ont un ennemi terrible.

  • Le temps !

  • Alors on la voit telle qu'elle est. La révolution c'est pas une déesse mais une putain ! Ni jamais pure, jamais saine, jamais parfaite ! Alors on claque tout, on cherche une autre maîtresse, une autre cause, on cherche des aventures de passages, de la jouissance pas de l'amour, du plaisir mais pas de la vraie passion. Sans amour, sans une cause, on n'est... rien ! On reste parce qu'on a vraiment foi dans la cause. On laisse tomber parce qu'on est désillusionné. Puis, on remet ça parce qu'on ne sait plus où on en est. Et on se fait tuer parce qu'on est engagé.



Richard Brooks signe avec Les professionnels un western d'action / aventure percutant et mouvementé qui réussit à travailler son scénario sur plusieurs niveaux de lecture par le biais d'une histoire bien racontée qui va droit à l'essentiel avec des personnages intelligemment présentés en ouverture de récit favorisant rapidement la compréhension du rôle de chacun sans y perdre en rythme. Les personnages sont différents et divertissants avec une exécution qui favorise aux plus les comédiens Lee Marvin ainsi que Burt Lancaster. De héros à criminel il n'y a qu'une balle, et c'est ce que ce film parvient habilement à retranscrire. L'histoire se déroule à l'époque de la révolution mexicaine, lorsque Pancho Villa et d'autres chefs rebelles réputés comme Zapata ont conduit leur peuple dans la lutte contre l'oppression et la liberté. Dans ce contexte sous tension, 4 mercenaires sont chargés de récupérer l'épouse d'un riche mania du pétrole, enlevée par des révolutionnaires Mexicains à la solde de Jesus Raza.


La première chose qui frappe avec Les professionnels vient de la forme de ce western qui rappelle grandement dans sa composante les films d'action des années 80-90, sachant qu'il fût tournée en 1966. Au programme, un commando de 4 hommes charismatiques qui va s'infiltrer sur un territoire ennemi et qui va dégommer des centaines de révolutionnaires à coups de flèches explosives, de dynamitage, de revolver, et autres fusils. Un film d'action pure ! Une grande partie du récit est mené de main de maître et tambour battant avec une scène d'infiltration grandiose suivie d'une puissante confrontation. Si bien, que durant le visionnage on se met à penser et espérer qu'on regarde un western qui pourrait être particulièrement épique, symbolique et fort, tant le récit déroule admirablement son histoire, son ambiance, son cadre, ses actions et ses personnages. Alors que tout se déroule magnifiquement et que l'on attend un final grandiose à la hauteur du spectacle jusqu'à présent observé, tout à coup, tout bascule !


Le groupe se divise et on n'est plus devant un western regroupant quatre têtes d'affiche, mais devant un film de Burt Lancaster où celui-ci va régler le problème à lui seul. On imaginait que dans la position dans laquelle sont les 4 hommes, Burt allait se retrouver telle une figure tragique sacrifiée pour l'avancée de ses amis (chose initialement prévue) qui eux-mêmes plus tard se seraient retrouvés à devoir continuer la lutte et le venger, alors que : '' pas du tout ! '' Finalement, alors qu'il aurait dû mourir, il règle la situation à lui seul coupant ainsi toute l'intention dramatique et la jouissance jusqu'ici cumulée. C'est comme si vous étiez en pleine partie d'un excellent jeu vidéo, totalement pris dans l'action, et que d'un coup alors que le final allait arriver quelqu'un vienne vous prendre la manette des mains en disant : '' c'est bon, c'est terminé ! " C'est très frustrant !


La réalisation de Richard Brooks est superbe ! La mise en scène est traitée admirablement via une photographie panoramique sensationnelle qui fait un superbe usage des lieux tournés au Mexique dans de beaux endroits montagneux que la caméra sublime. Un festival visuel avec une belle coloration. Rien n'est laissé au hasard jusqu'aux dialogues qui sont géniaux. La composition musicale de Maurice Jarre est de haute volée ! Une belle partition qui malgré sa qualité colle difficilement avec le récit observé. Une musique propre à un far-west d'aventure avec de grandes chevauchées qui sur une partie du récit fonctionne plutôt bien, mais qui durant les grosses phases d'actions aurait mérité une partition plus percutante et intense afin de mieux coller au spectacle observé.


Burt Lancaster pour Dolworth




  • Allez au diable !

  • Oui madame, je suis déjà à mi-chemin.



Burt Lancaster est particulièrement savoureux dans ce rôle ironique profondément marqué par sa vie passée. Dolworth est un personnage amoureux du beau sexe qu'on prend plaisir à suivre avec un sens de la repartie tranchante qui va offrir de bons dialogues. Malgré une mise en action particulièrement réussie on regrette que le comédien finisse finalement par tirer la couverture à lui seul.


Lee Marvin pour Henry Rico Fardan




  • Enfants de salauds !

  • Eh oui, chez moi c'est un accident de naissance, et vous monsieur : vous vous êtes fait vous-même.



Lee Marvin sous les traits de Rico est charismatique ! J'ai adoré ce personnage qui fait office d'excellent chef à la fois taciturne et silencieux qui n'hésite pas à se sacrifier pour les siens. Traumatisé par un passé douloureux celui-ci mène l'expédition jusqu'à bon port, voulant coûte que coûte assurer son contrat. Le passif amical qui le lie à l'antagoniste principal le dérange mais malgré tout il va de l'avant. Les phases durant lesquelles celui-ci met en place le plan principal d'infiltration sont totalement réussi, dommage qu'il n'est pas droit à une conclusion satisfaisante à la hauteur de ce personnage.


Robert Ryan pour Ehrengard




  • Tu peux aller te faire payer !

  • Vous vouliez qu'il soit brisé, non ?

  • Oui, mais pas massacré ! Allez, fous le camp !



Robert Ryan dans le groupe s'affiche comme l'homme du cœur, celui par lequel le commando va maintenir son humanité au prix malgré tout d'un sacrifice de sang qui aurait pu être évité si celui-ci aurait consenti à abattre un homme, ou des chevaux. Un personnage apaisant qui ne trouve aucune utilité durant la seconde moitié du récit ce qui est bien dommage.


Woody Strode pour Jake



Monsieur Dolworth, c'est le moment d'avoir de la veine.



Éclaireur et pisteur de premier ordre Jake est un excellent personnage qu'on adore voir dans le feu de l'action. Peu de dialogues lui sont consacrés, mais durant les scènes le plongeant dans l'action un arc à la main, il déchire tout via des séquences particulièrement savoureuses. Moi qui pensais que c'était Sylvester Stallone en tant que Rambo dans le film Rambo 2 qui avait introduit l'arme de l'arc avec les flèches explosives et bien je me suis totalement fourvoyé, car avant il y avait Jake !


Jack Palance pour Jesus Raza




  • C'est à moi qu'elle appartient : maintenant, avant, et toujours !

  • Il n'y a rien qui soit pour toujours, sauf la mort.



Même s'il arrive tardivement le personnage de Raza fonctionne très bien. Le comédien Jack Palance l'incarne admirablement. Le cinéaste consacre à ce personnage une texture appréciable qui en fait un antagoniste nuancé. Entre le bien et le mal, quelquefois la limite est invisible.


Claudia Cardinale pour Maria



Si cet argent pouvait servir à faire vivre cette révolution ne serait-ce qu'un seul jour, j'irai voler et escroquer, me vendre... oui je ferais n'importe quoi.



Claudia Cardinale, mamma mia ! La comédienne est chavirante avec ses formes généreuses et ce regard magnifique qui vient faire fondre n'importe quelle carapace aussi solide soit-elle. Maria entre également assez tardivement dans l'action mais elle vient impacter le récit de sa présence. La comédienne n'est pas seule et pourra compter sur le personnage de Chiquita par Marie Gomez, pour offrir une menace physique satisfaisante en tant que soldate.


Ralph Bellamy pour Grant



1000 dollars pour chacun de vous avant le départ. Si vous la ramenez saine et sauve 9000 dollars de plus pour chacun de vous.



J'ai beaucoup aimé ce protagoniste qui par amour pour sa femme est prêt à tout ! Un homme puissant qui semble tenir en profond respect les mercenaires qu'il emploie, au même titre que ses salariés. Ralph Bellamy offrira à son personnage un twist que l'on voit un peu venir vers la fin mais qui reste satisfaisant.



CONCLUSION :



En 1966, Richard Brooks présente avec Les professionnels un western sous testostérone dans une mouvance digne d'un film d'action des années 80-90. Une proposition fulgurante qui va offrir une des meilleures séquences d'infiltrations que j'ai pu voir ! Un western sous tension appuyé par une multitude de rebondissements appréciables dont une confrontation spectaculaire durant l'évasion. Un spectacle généreux qui malheureusement va couper net son action pour clôturer son histoire venant prendre à contre-pied le spectateur effaré qui au moment d'en attendre le plus, c'est retrouvé avec le moins. Malgré tout, on se régale de cette distribution incroyable qui met en avant des personnages particulièrement charismatiques.


Frustration mêlée de plaisir !



Il y a une semaine, votre respectable combattant a enlevé ma femme. Voici sa demande de rançon. Votre travail, est une mission d'humanité. Raza, le capitaine Jésus Raza. Jésus, quel nom pour le plus sanguinaire égorgeur du Mexique. Madame grandt est prisonnière à l'autre bout d'un désert de 150 km. Un enfer ! Pour Raza, une forteresse. Il vit depuis toujours dans ce désert. Les gens de sa bande connaissent le moindre passage, le moindre rocher, le moindre ravin. Faudrait un bataillon et un mois entier, mais une poignée d'hommes déterminés et spécialistes conduit par vous, pourrait réussir par un coup de main audacieux et rapide.


B_Jérémy
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le 11 nov. 2021

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