Les Ordres du mal
5.4
Les Ordres du mal

Film de Paco Plaza (2023)

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Alors que le Conjuringverse ressert du démon Valak à toutes les sauces sous les traits de la fameuse “Nonne” au visage blafard, et que le climat ambiant du cinéma d’horreur américain est à la bondieuserie la plus sommaire et moralisatrice (L’Exorciste du Vatican, L’Exorciste : Dévotion, La Proie du Diable...), le regard moins formaté d’un Paco Plaza est le bienvenu. Si la religion est évidemment très présente dans le film, et que la véracité de ses manifestations surnaturelles est acquise dès le début, le film évite de tomber dans l’avalanche de crucifix brandis et de prières d’amour comme arme ultime contre le mal.


Avec cet angle plus ambigu et malin, s’il n’est pas non plus nouveau, "Paco Plaza" met en scène des images horrifiques originales et intéressantes : le chapelet dont les perles rouges deviennent des gouttes de sang dans la main de Narcisa (sans doute nommée ainsi en hommage au Narcisse Noir), les yeux multiples derrière la grille du confessionnal... Et comme il est décidément difficile d’éviter la comparaison avec La Nonne 2 sorti récemment, il faut noter l’utilisation radicalement différente du motif des reliques dans les deux films.


Dans celui de "Michael Chaves", les yeux de Sainte-Lucie sont un saint trésor renfermant un pouvoir immense et certain, incarné dans cet organe bien matériel, mais dont toute dimension gore est éliminée. La main momifiée des Ordres du Mal, elle, est mise en scène autrement. Avec un plan qui découpe sa silhouette décharnée sur la lumière d’une bougie, elle est à la fois objet sacré et magnifique aux yeux des nonnes, et morceaux de chair effrayant pour le spectateur et Narcisa. Bref, la patte (pas décharnée, elle) de Paco Plaza est maligne et rafraîchissante.


Pourtant, le fait d’ancrer le récit dans le traumatisme de la guerre civile espagnole promettait d’apporter une dimension politique et réaliste intéressante. D’ailleurs, la première séquence présentant un mur criblé de balles comme étant le témoin de souffrances et de hontes encore bien présentes dans l’esprit des religieuses plus âgées (par contraste avec l’innocence des jeunes élèves qui n’ont pas connu la guerre) est une image saisissante. Elle annonce la teneur des flashbacks qui vont parcourir le film.

ADN-Trinity
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le 12 nov. 2023

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ADN Trinity

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