Dans le temps, les zombies c'était bien moins des faignasses.

Ce film fait partie de mon "rattrapage culturel" édition "C'est sûrement de la merde, mais il faut bien essayer"


Scénario :
Au début du siècle dernier, les zombies c'était quand même autre chose. Au lieu d'être ces créatures amorphes, idiotes et désordonnées, et bah, c'était des vrais travailleurs. On pouvait leur demander de bosser 17 heures d'affiler, ils mouftaient pas, même en cas d'accident du travail. Et ils pouvaient te jouer un récital de Bach au lieu de s'étaler comme des merdes sur le piano en criant "cerveau..."


Alors, certes, ils avançaient pas vite, mais ils étaient fidèle : si la patron mourrait, tout le monde se jetait depuis la falaise la plus proche, illico. Ça c'était de l'esprit d'entreprise...


Quoi, c'est quoi, le scénario du film en vrai ? Rien, c'est juste Dracula avec des zombies.



En tant que sujet d'étude :



"White Zombie" est le film que je m'étais donné pour analyser "le film de Zombie." Ne souhaitant pas prendre le premier film de George Romero (c'était trop "mainstream") je me suis dit que j'allais aller voir le "tout premier film de Zombie" pour voir comment il était dépeint à l'origine.


Et c'est vrai que le film pose les codes du zombie et cette première composante qui va le suivre souvent : le zombie est lent. L'idée étant, je pense, d'imiter la créature de Frankenstein dans le côté "mort qui revient à la vie." Mais la définition donnée par l'un des personnage résume assez bien le concept : "ils sont vivant tout comme nous mais sont vides là et là" dit-il en désignant le coeur et le cerveau.


Les zombies sont donc des morts n'ayant plus aucune volonté et mue par une force surnaturelle. Ils en deviennent des marionnettes mortes mues par un marionnettiste à sa volonté. La différence venant avec Romero où il supprimera le marionnettiste, faisant des créatures encore plus effrayantes car virtuellement inarrêtables et sans consciences.


Après, c'est aussi intéressant pour voir la façon dont les films d'horreurs étaient fait dans les années 30. Le film est plongé dans une noirceur permanente, les acteurs sont confinés au minimum et l'ouverture du film plante le ton avec des mythes cajuns et des incantations vaudoues. L'un des talents du scénario (si ce n'est le seul) de Garnett Weston est de s'être bien imprégné des mythe cajuns sur les zombies avec leur mélange de français, de créole et d'anglais.


Mais il faut pas se mentir : le film repompe allégrement les films d'horreur de l'époque. Les zombies ressemblent beaucoup (dont un) à la créature de Frankenstein avant qu'elle n'accède à la conscience, et les péripéties s'inspirent énormément de Dracula. La version de Tom Browning est sortie l'année précédente, avec Béla Lugosi dans le rôle du vampire, et il tient un rôle similaire dans ce film. Au lieu de créer des vampires en leur mordant le cou, il créé des zombies après avoir empoisonné les gens et en avoir fait une effigie de cire. Les personnages centraux sont deux jeunes gens qui vont se marier, et au lieu d'avoir une fiancée qui va se faire enlever par Béla Lugosi pour y être transformée en vampire, nous avons une fiancée qui va se faire enlever par un sbire de Béla Lugosi pour être transformée en zombie... avant que le sbire ne se la fasse piquer à son tour par Béla Lugosi.



Mon avis personnel :



On va pas tortiller du cul, le film est mauvais. C'est rigolo qu'il ai des défenseurs sur Sens critique pour le côté "houlalala, c'est poétique" ou "houlala, il y a un cachet vintage" mais je suis désolé les amis, c'est chiant, mal joué et mal écrit. Le film a l'époque s'est pris des critiques assassines et pour le coup, je suis assez d'accord avec eux. Et on peut difficilement accuser le temps : la simple comparaison avec des films sorti la même année (Scarface, M le Maudit, Freaks, etc.... ) montre que White Zombie est très mal foutu.


Tourné avec un budget ridicule le film tente de faire parler des acteurs du cinéma muet, mais on voit que ça ne prend pas et qu'ils sont tous assez mauvais, à l'acception de Béla Lugosi. Celui-ci TRANSPIRE le charisme par tout les pores de sa peau. Il suffit juste qu'il ouvre les yeux ou fasse un mouvement de sourcil et bim, la scène est réussi. C'est le premier film dans lequel je le vois jouer mais je comprend pourquoi le gars est devenu un acteur vénéré du cinéma d'horreur.


Niveau image, on voit qu'ils ont tournés avec des acteurs avec de la farine sur le visage qui tentaient tant bien que mal de faire les cadavres pouvant se mouvoir. On leur demande de juste bouger et d'avoir le visage vide. Big Up au moment involontairement comique où les zombies, privés de maître et donc privé de directive... se foutent à la queue-leu-leu pour aller se jeter connement dans le vide. J'avais l'impression de voir une partie de Lemmings qui tourne mal.


Niveau scénario, non seulement, c'est "Dracula, mais avec des Zombies" mais le film se permet d'avoir des erreurs scénaristiques de la taille du tunnel sous la manche. Ainsi, le château de Drac.... heu... du maître des zombie se trouve dans une zone "interdite" dans laquelle personne ne s'est jamais risquée. Seul un vieux black que l'on croise vers la fin du film s'y est retrouvé et ce qu'il a vu était tellement horrible qu'il se chie dessus à l'idée de passer la frontière.


Une fois la frontière passée.... il y a pas l'air d'y avoir trop de soucis. On s'aperçoit même qu'il y a là bas un château gothique au bord de la mer (le truc qui passe inaperçu si on est dans les carpathes, mais dans un bayou cajun, ça fait un peu tâche... merde, un peu de cohérence...) Dans le château, les servantes de Béla Lugosi observent la fiancée zombifiée et se disent que "c'est bizarre, l'invitée de notre maitre se comporte bizarrement. C'est trop, j'ai envie de démissionner." Les nanas habitent depuis des années, dans ce qui était décrit 5 minutes plus tôt comme l'épicentre de l'enfer sur Terre, au coeur d'un château dans lequel des zombies se baladent librement... mais ne s'aperçoivent que maintenant qu'il y a un truc qui cloche ?


Tout le film est décousu de cette façon et à vrai dire le pire c'est surtout qu'il s'y passe pas grand chose. Pourtant le film commence presque in-média res (l'histoire commence lorsque le jeune couple se rend dans la demeure de Beaumont) et ne dure qu'une heure (comparé aux films actuels, c'est limite du court-métrage...) mais ils arrivent quand même à rendre tout ça assez longuet, laborieux et pataud. Et mis à part quelques apparitions furtives, il faudra attendre la fin du film pour que les fameux "morts vivants" du titre attaquent enfin... et ils sont NULS !



En bref :



Le film est chiant et n'est relevé que par un Béla Lugosi en pleine forme, par une ou deux scène moins mauvaises que les autres (celle de la fiancé au piano) par un cachet "film d'horreur des années 30" et parce que "c'est-le-premier-film-ou-qui-y-a-des-zombies." C'est un peu maigre pour justifier 1 heure et 9 minute d'ennui mortel.


Petit détail : Le film est dans le domaine public. Si vous souhaitez le voir, il vous suffira juste d'aller sur la fiche wikipédia du film et une petite fenêtre vous proposera de tout simplement le regarder dans son intégralité. Du coup, si vous voulez vous faire un avis vous même, et si vous avez 1 heure et 9 minutes à tuer... vous pouvez mater le film immédiatement, là, à l'instant. Après, je me suis embêté à trouver une version avec des sous-titres, parce que c'était plus confortable quand même.

le-mad-dog
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le 25 août 2016

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