Superman contre MacBeth contre Gandalf contre les Ninjas Fantômes, avec Godzilla en embuscade

En tentant de rester le plus objectif possible, ce film est d'une nullité rare. J'en ai déjà vu, des catastrophes cinématographiques, mais là, y'a une synthèse ! Tout y est loupé : réalisation, scénario, montage, trucages, dialogues, jeu des acteurs... faire la liste des aberrations serait aussi long que fastidieux, mais tentons un résumé.
D'abord le scénario, mélange improbable entre un film de sabre (un traître tue le Seigneur pour prendre sa place, mais le prince réussit à s'échapper et prépare sa vengeance), un peu de fantasy (un sorcier version Gandalf qui enseigne la magie à son élève princier, histoire que le bonhomme puisse continuer à se battre, même quand on lui a coupé la tête) et un film de monstres. L'enchaînement entre les séquences est parfois tellement illogique que je me suis demandé s'il y avait vraiment toutes les scènes. Et ces personnages qui se sortent de situations désespérées par le plus grandiose des deus ex machina. Et j'en passe...
Le tout est filmé avec un tel renfort de laideur que j'ai, pendant un moment, pensé assister au premier film réalisé par Ray Charles. Les décors sont laids, les cadrages sont pour le moins aléatoires et les faux raccords foisonnent. Il n'y a guère que les costumes qui sont regardables.
Même les actrices ne représentent aucun intérêt visuel, ce qui est vraiment un comble, car quel intérêt peut-il rester à un film asiatique si même les actrices n'attirent pas le regard (au passage, je vous ai déjà parlé de mon intérêt discret pour les demoiselles asiatiques ?)
Le must, ce sont les trucages. Les personnages apparaissent ou disparaissent, ils volent d'un point à l'autre sur une sorte d'éclair, la foudre éclate de tous côtés et les portes volent (si si, je vous assure). Ainsi, quand Shimaru passe d'un arbre à l’autre, il vole un temps interminable et on voit le décor défiler derrière lui ; c'est merveilleusement kitsch.
Et puis, il y a les champions de la fête, les héros que l'on attend tous, les monstres qui débarquent, au début, d'une façon complètement inopportune, sans qu'il y ait le moindre rapport avec le reste de l'histoire. On sent vraiment que leur présence à été collée au reste du film pour une raison complètement inconnue (faire un film plus long ? attirer un public plus vaste ?). C'est du grand n'importe quoi, mais ça offre un final sympa.
Autre chose qui est soit risible, soit exaspérant : les combats, d'une nullité rare. Au point que je ne sais même pas s'ils ont été chorégraphiés ou si les acteurs improvisaient vaguement devant des caméramen trop ahuris pour pouvoir effectuer un cadrage correct. Du coup, ces combats sont incompréhensibles, d'autant plus qu'ils manquent singulièrement d'éclairage.
Je me dois de dire un mot du jeu des acteurs. Rien qu'à voir le couple seigneurial se faire tuer au début du film, on a compris sa douleur. En comparaison, Gad Elmaleh dans Coco aurait mérité un prix d'interprétation cannois pour sa sobriété. Alors, quand un Seigneur meurt tué par un traître, il fait des grimaces devant la caméra, parcourt la pièce de long en large en s'éclatant la tronche contre les murs, a le temps de proférer des menaces contre son agresseur façon Cicéron contre Catilina avant de s'écrouler, se relever, recommencer le manège et finalement tomber raide, les moustaches en croix sur le carreau. Un régal !

Là où je suis confronté à un sérieux problème, c'est pour donner une note à ce film. Si je devais le noter sur ses seules qualités, il faudrait trouver le moyen de mettre des notes négatives ; à défaut, 01/10 paraît être la note maximale qu'il pourrait atteindre. Mais comme toute note, toute activité de ce site est forcément subjective, si je vais le noter suivant le plaisir que j'y ai ressenti. ce qui explique ce miraculeux 06/10, note extraordinaire pour un tel nanar de chez nanar, mais note qui prend en compte les fous rires familiaux et le bon temps passé là.