Les Mondes de Ralph
6.7
Les Mondes de Ralph

Long-métrage d'animation de Rich Moore (2012)

Inutile de le cacher, c'est désormais en freinant des quatre fers que je vais rendre visite à ce bon vieux tonton Disney. Pourquoi y aller me diriez-vous donc ? Bah, vous savez ce que c'est : il a beau être sénile et un brin réac ce cher Walt, il reste celui qui a égaillé ma jeunesse avec sa bonne foi et son envie, à un âge où justement je ne comprenais pas trop ses remarques douteuses et ses morales d’un autre temps... Et puis – pour être honnête – comment résister à un film qui entend solliciter toute la culture vidéoludique dans laquelle je baigne depuis l'enfance ? Tout semblait réuni : c'était trop tentant. D'un autre côté, voir Disney parler de jeux-vidéo c'est un peu comme écouter Benoit XVI parler de contraception. Finalement, c'était un peu du pile ou face : ou la cohésion se faisait et c'était potentiellement le paradis, ou bien alors il y avait maltraitance de ma bien-aimée culture vidéoludique et là c’était un risque aigu de réaction épidermique haineuse. Comme vous pouvez le constater par ma note, finalement – ô surprise – j'en ai tiré un plaisir plutôt consensuel. « Plaisir » tout d'abord, parce que très vite, ces "Mondes de Ralph" ont su réduire à néant les deux grosses réserves qu'avait fait naître en moi la bande-annonce. La première résidait dans un style graphique très impersonnel qui, à mon sens, allait évider toute la démarche d'hommage au rétro-gaming. Finalement il n'en a rien été. Certes, je reste convaincu qu'un peu plus de créativité n'aurait pas fait de mal, mais au final les clins d'œil sont nombreux, parfois savoureux, et aucun genre n'est vraiment éludé. La deuxième réserve résidait quant à elle – bien évidemment – sur le fond de l'intrigue qui s'apprêtait une fois de plus à renâcler les pires tréfonds vaseux de la morale disneyenne. Moi perso, je sentais venir gros comme une maison la morale du « chacun à son rôle à jouer dans la vie, même si c'est pas toujours cool. Nous, on est des Américains, le travail c'est sacré, la remise en cause de l'ordre social c'est bon les communistes ! » Eh bah finalement – ô surprise ! – là aussi les studios de la musaraigne ont visiblement été réactifs à l'influence lasseterienne de leur producteur exécutif ! En effet, loin d'être rigide et basique, le déroulement de l’intrigue se révèle riche en retournements, assez subtil dans sa peinture de l'ordre social et en fin de compte très revigorant dans sa conclusion. Difficile à croire, mais le dessin-animé le moins pessimiste, misanthrope et réactionnaire est cette année le dessin-animé de Disney ! Qui l'eut cru ? D'ailleurs, autre victoire à plat de couture de "Ralph" par rapport à la concurrence : c'est que chez lui il y a du rythme, une véritable envolée finale (qui aurait même pu être plus forte, mais bon, ne nous plaignons pas...) et de la densité dans le propos, les univers et même les péripéties. D'ailleurs, à ce moment de la rédaction, on pourrait même se demander ce qui me retient de lui mettre plus. Eh bah pour être honnête, pas grand-chose... Mais bon il y a quand même quelques petits détails qui ont contribué à ne pas faire lever la pâte jusqu'au plafond. D'une part, l'essentiel des références savoureuses faites au monde du jeu-vidéo sont surtout condensées au début du film et s'évanouissent rapidement au bout d'une demi-heure. Autre constat au même moment, l'intrigue s'immobilise dans un monde à la Mario Kart-Hello Kithy en sucre, ce qui est frustrant quand on prend conscience de tout le potentiel d'univers possibles qu'offrent le concept du film. Enfin et surtout, j’avoue ne pas avoir été capable de supporter ce personnage hooooooorripilant que fut Vaneloppe (c'est le second personnage principal du film, c'est dire si ça m’a handicapé !). Mais bon, à faire la liste de mes réserves et celle de mes plaisirs, je me dis quand même que l'un dans l’autre, voir un Disney qui me distrait, me fait rire et ne crispe pas ma conscience, c’est déjà une suffisamment belle réussite pour ne pas en vanter les mérites. Mon conseil donc : amoureux du rétro-gaming ou bien parent de la trentaine, Disney a peut-être trouvé le compromis sympa de cette fin d’année avec ces "Mondes de Ralph"...

lhomme-grenouille
7

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Créée

le 9 oct. 2017

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