J’en sors pas. Cafard. Bad trip. Idées noires...

La claque, un choc, chose que je n’avais pas ressenti depuis longtemps devant un film, particulièrement au cinéma. Sans exagérer, je pense que je n'ai pas été aussi décontenancé devant un film depuis ma découverte de L’Enfer de Claude Chabrol. Les sensations que m’a procuré Les Intranquilles étaient fortes, très fortes.


Mais du coup, d’où vient-elle cette force ? cette force qui nous détruit tout le long du film ?


Petit spoiler du début du film en préambule :


Alors que les lumières s’éteignent dans la salle, que les logos des différentes boîtes de production et de distribution défilent, on attend patiemment de voir le film Les Intranquilles, il est vrai que dès le titre, on s’attend à avoir du bruit. Et le film commence, sans bruit. Leïla Bekhti est allongée sur la plage, pas un bruit, pas de dérangement, pas d’intranquillité. Ce sera la dernière fois que l’on pourra profiter du silence.


Si ce film m’a mis dans tous mes états, c’est avant tout grâce à la performance des deux acteurs principaux, Leïla Bekhti et Damien Bonnard. Les deux sont grandioses et je ne serais pas du tout étonné si Bonnard remporte le César pour son interprétation. A la manière de Cluzet et Béart dans L’Enfer, les deux campent un couple prêt à se déchirer à chaque instant. Chaque mot, même le plus anodin est capable de les consumer. N’oublions pas les seconds rôles, Gabriel Merz Chammah (petit fils d’Isabelle Huppert, le talent est-il héréditaire ?) et Patrick Descamps, notamment, tous deux brillants.


Le film tourne autour du personnage de Damien Bonnard. Tous les personnages gravitent, malgré eux, autour de lui. Et si le film est réussi c’est surtout parce que l’écriture de ces dits personnages est brillante. C’est rare qu’un film parlant d’une maladie, la mentionne si peu tout en la traitant parfaitement. Mais cette maladie n’est qu’une toile de fond, un prétexte pour parler de la vie de cette famille soudée par si peu, prête à casser à tout moment. Et pourtant même si le sujet principal est la vie de ce couple, l’intranquillité qu’apporte cette maladie est omniprésente. On a comme l’impression d’être enfermé par cet aléa de la vie, Lafosse ne peut faire abstraction de cette maladie qui handicape les protagonistes du film malgré tous leurs efforts.


J’ai été très séduit par ce film, son traitement des personnages, jamais de jugement, pas non plus de patho. Le film est juste, c’est ça son point fort, il est juste dans ses dialogues et ses personnages, on y croit au portrait de cette famille. Il est juste dans la manière de traiter son sujet. Et il est juste dans sa scène de fin,


absolument glaçante.

Créée

le 1 oct. 2021

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11 j'aime

Alexeï Paire

Écrit par

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