Les Implacables
7.1
Les Implacables

Film de Raoul Walsh (1955)

Ce film se situe plus du côté des considérations dramatiques de "Band of Angels" (L'Esclave libre), dans lequel figurera Clark Gable 2 ans après, que du magnifique western "The Big Trail" (La Piste des géants) dont Walsh essaie de reproduire 25 ans plus tard, volontairement ou non, certaines séquences mythiques — à l’image de la traversée de falaises d’un convoi de chariots. "The Tall Men" (Les Implacables : on commence à sentir à quel point les titres des films de Walsh sont charcutés en version française) tente de jouer la complexité en introduisant le contexte du lendemain de la Guerre de Sécession, avec deux frères ex-confédérés totalement ruinés qui essaient de braquer un riche propriétaire (Robert Ryan) qui leur proposera, afin d'éviter la mort, de conduire un immense troupeau à travers les États-Unis et de partager les bénéfices au point d'arrivée. Antagonismes états du Nord / états du Sud, pauvres / riches, on sent bien la volonté de jouer sur une série d'oppositions et de situations conflictuelles, mais malheureusement il ne sortira pas grand-chose de cette semi-variation sur un thème voisin de "La Rivière rouge" (1948) de Hawks.


Que ce soit précisément le conflit initial (la façon d'accepter le deal ne tient pas du tout la route) ou bien les disputes de mâles alpha qui tournent autour de la pourtant peu attirante Jane Russell, les enjeux ne brillent pas par leur perspicacité. Et je repense aux propos de John Wayne, à l'occasion de son rôle dans "Un silencieux au bout du canon" de John Sturges : le film d'action contemporain trouve ses origines dans le western classique, et mon appréciation souvent équivalente pour l'un comme l'autre corroborerait ce jugement. Le film veut impressionner, lors des séquences au cœur d’une tempête de neige, de traversées de rivières avec des hordes de bœufs et de chevaux, de franchissement de falaises avec des cordes, et bien sûr avec le climax final de l'attaque des Indiens contre lesquels ils lancent le bétail en folie. Mais il n'y a pas de matière pour sous-tendre ce geste à mes yeux, et pire, il y a une forme de rigidité sous-jacente qui empêche tout élan vraiment positif.


L'évolution des personnages (enfin, seule la femme semble faire preuve d’un semblant d’évolution, sans pour autant pouvoir prétendre à proprement parler à une quelconque profondeur psychologique) est quelque peu archétypale, avec la belle dont le cœur balance qui finit par abandonner ses rêves primaires de richesse matérielle pour rejoindre le vrai cowboy endurci, censé représenter la vérité de la terre et des sentiments... Même son rival l'avouera : "There goes the man I ever respected. He's what every boy thinks he's going to be when he grows up, and wishes he had been when he's an old man." Les grosses ficelles du blockbuster western, en résumé, avec ses tentatives de faire dans le lyrique échouant malheureusement très souvent.

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le 29 juin 2020

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Morrinson

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