Un camping-car posé sur une place centrale. À l’intérieur, des Français lambda, toujours par deux, discutent en toute liberté. Dans Les Habitants, l’entreprise de Raymond Depardon est simple : le photographe et documentariste vétéran étrenne son camping-car dans quelques villes, à travers toute la France, "de Charleville-Mézières à Nice, de Sète à Cherbourg". Dans les cités où il s’arrête, il applique toujours la même méthode, évoquée au début.
Dans le véhicule défilent donc couples, amis ou parents, de tout âge et de toute origine. Les conversations se font naturelles et simples : les amoureux parlent de leurs petits problèmes, les ami(e)s devisent sur leurs amours, les banlieusardes âgées expriment leurs inquiétudes sur la transformation de leur ville…
Insignifiant ou intéressant ?
Tout cela pourrait être dérisoire. Pourtant, le film fonctionne à merveille. Au fil des discussions, on entre dans l’intimité de ces messieurs et mesdames Tout-le-Monde. On rit, beaucoup, et on est atterré, parfois. Aux blagues triviales succèdent par moments le machisme, la méchanceté ou la xénophobie ordinaires.
Heureusement, beaucoup des personnes qui passent dans le camping-car restent touchantes. Ici, des jeunes s’interrogent sur leur avenir ; là, une jeune femme met en garde son amie contre sa relation avec un homme peu attaché à elle ; ou, tout simplement, un couple, visiblement très amoureux, fait mine de se disputer pour mieux se réconcilier.
À la fin, il n'est pas sûr que ces tranches de vie disent vraiment quelque chose de la France d'aujourd'hui. Mais la force du film n'est sans doute pas à chercher là. Elle réside, bien plus, dans l'affection – ou, du moins, la compréhension – qu'on finit par développer pour cette galerie de Français. Et, comme le film est court (1 h 24), on en demande plus.
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