Critique de Les Gens normaux n'ont rien d'exceptionnel par GSGY
Les films normaux n'ont vraiment rien d'exceptionnel.
Par
le 14 déc. 2023
Les gens normaux n'ont rien d'exceptionnel : cette tautologie, c'est celle de l'attachant malade de Jackie Berroyer, qui nous dira aussi, en parlant d'un autre interné, qu'il « n'a plus sa place personnelle parmi nous dans cet établissement ». Cette surcouche qui se glisse jusque dans le titre, on dirait que c'est un moyen de rembourrer le film d'un niveau de lecture supplémentaire, dont les films de type « banlieue » avaient l'habitude de se priver.
Il y a effectivement plusieurs niveaux : perturbée, perturbante et perturbatrice, Valeria Bruni-Tedeschi ne fait pas mine de s'éclater dans le rôle réputé épanouissant de la maladie mentale. Faisant de la ville un vaste champ de possibilités plutôt qu'un large décor, le film ne tombe qu'à peine dans le clownesque quand, en l'espace de dix jours, une équipée de fous (comme on les appelait encore) s'improvise bande d'amis et vient semer la pagaille dans le gentil monde hospitalier.
TROP gentil. Gentil partout. La gentillesse, c'est le seul terreau de l'histoire, et c'est trop court. Pas qualifiable de naïf (puisque les personnages traversent des périodes difficiles) ni d'insouciant (du fait qu'ils ont le mérite de chercher à les affronter de façons aussi socialement significatives qu'introspectives), le film arrive certes à nous faire oublier qu'il abuse de chaleur humaine, laquelle nous convaincra plus souvent qu'à son tour – on n'aura pas souvent la chance, dans un visionnage, d'être autant crispé et attaché à la fois par des personnages.
Il faut fermer les yeux sur ce fond modique afin de pouvoir s'imprégner de l'aura douce-amère du film – le reste fait douloureusement penser à une potentielle aire de jeux pour une Comédie Française qui voudrait faire semblant d'être oulipienne, et demeure cousu de fil blanc.
Créée
le 1 juil. 2020
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