Pour le grand public, Edward Burns, c'est juste un type qui ajoué dans 'Il faut sauver le soldat Ryan' et dans '15minutes' (encore que ce dernier ait été vu par moins de gens que le premier). Les romantiques l'auront vu dans 'The Holiday' et '27robes'. Les fans d'entourage le connaissent aussi un peu. Puis ceux qui écument les vidéothèques pour trouver des séries Z contemporaines, ils auront peut être eu la chance de le voir dans 'A sound of thunder'. Et pourtant, si Ed a eu la chance (ou malchance?) de tourner dans ces films, c'est bien grâce à ceux qu'il a réalisé (et dans lesquels il a systématiquement joué, en plus).

Ainsi, 'The Brothers McMullen' est sa première réalisation, un travail non dépourvu de défauts, mais pour lesquels il a su rester honnête et sincère.

Première évidence, à l'instar d'un Woody Allen, Burns aime les personnages vivants, coincés dans leurs phobies et autres maniéres, et c'est surtout par des joutes verbales que les conflits vont naître et mourir.

La structure du scénario (parce qu'en plus d'être producteur, réalisateur et acteur, il écrit lui même ses films, seul!) lui permet de jongler avec trois histoires (trois frères) sur le même fond thématique: l'amour et tout ce que ça sous entend d'engagement et de responsabilité.

Ce qui est étonnant c'est que c'est avec son personnage qu'il est le plus ingrat. Certe, on commence et on termine avec lui, mais finalement c'est l'hisoire la moins passionnante et surtout la moins complète. En effet, il s'intéresse tellement aux histoires des deux autres frères, qu'il n'a plus le temps (ou l'envie) d'aller au bout de son personnage, si bien que le conflit que celui-ci vit , alors que bien amorcé à la base, n'intéresse plus.

En fait, il faut voir le conflit comme un feu qu'il faut nourrir régulièrement, faute de quoi il s'éteint ; en privant son personnage de ses apparitions nécessaires, il atténue ses conflits, il les rend superficiels et inintéressants. Par conséquent, ses décisions finales semblent être superficiels (on se demande même si le happy ending n'est pas trop forcé alors que dans les deux autres histoires cela semblait naturel et adéquat).

Dans la mise en scène, Edward n'a pas beaucoup de moyen financiers ni techniques, mais il fait ce qu'il peut et arrive à raconter son histoire avec justesse. Pas d'artifice inutile (à part peut être le travelling arrière et vers le haut, couvrant ainsi la rue entière, pour la scène finale avec son personnage; c'est d'ailleurs embêtant que ce personnage délaissé ait droit au grand final). Il y a également une belle utilisation de l'ellipse ou encore de la voix off. En ce qui concerne l'ellipse je pense à cette scène introductive qui eprmet de comprendre au mieux la psychologie des trois frères: un coup qui fait mouche! Les acteurs sont bien dirigés et sont tous très bons et convainquants. Pas de surjeu, au contraire, chacun veille à être naturel et spontané... à être lui même.

Bref il s'agit d'un film qui commence un peu mollement et termine un peu trop hollywoodiennement, c'est dommage, mais le reste du métrage est un véritable divertissement intelligent qui a la pertinence de mettre le doigt sur les problèmes de couple sans trop de tabous (il est question de religion et d'avortement, tout de même). Ed a l'intelligence de ne pas se censurer et c'est ce qui rend le film si attachant. A voir!
Fatpooper
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le 22 janv. 2012

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Fatpooper

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