Chicaneries de Chicanos

Un film étonnant que ces ''frères de fer'', western mexicain de l'inconnu (de moi, du moins) Ismaël Rodriguez.

Etonnant, car s'il ressemble à un western classique, brassant des thèmes westerniens communs dans le genre, voire rabâchés (la violence, la vengeance, la loi, la rivalité entre frères), il les traite de façon surprenante, en y ajoutant un arrière goût latin dans la dimension tragique (très fort portrait de la mère, destin et trajectoires des deux frères) et macho, (spécialité mexicaine pour le peu que je puisse en juger).

Ce côté latin, on le retrouve également dans les choix esthétiques, qui peuvent parfois rappeler les westerns spaghetti (on pourrait donc créer le sous genre western guacamole ??).

Je ne suis pas spécialiste du spaghetti (je déteste même çà), mais j'ai l'impression que ce film de 1961 précède les 1ers spaghettis. Il est donc surprenant d'y trouver des éléments techniques, voire thématiques, communs (recours au zoom, cadrages baroques, sécheresse de la violence, montage parfois '' à la serpe'').

On peut d'ailleurs regretter la maladresse, voire la laideur de certains plans. Mais il faut savoir passer outre, car on trouve également des plans et des scènes surprenantes ( la 1ère scène bien sûr, d'une sécheresse exemplaire (même si un ou deux mouvements de caméra sont pour le moins bizarres) mais également la "tempête sous un crâne'' de la mère filmée intégralement en plongée depuis le plafond, ou encore le premier règlement de comptes.

Ces moments de grâce, auxquels il faut ajouter les scènes qu'illumine la jolie Patricia Conde, dont on comprend qu'elle puisse tant plaire aux deux frères, font de ce film un western atypique, certes imparfait, mais dont les thématiques, la construction dramatique, la dimension tragique des personnages originaux valent très largement le coup d'oeil.

Recommandé, car il est bon de céder aux plaisirs d'une découverte exotique et stimulante.